L’acte 17 de la protesta’ a été très spécial pour les algériennes et les algériens qui ont battu le pavé dans toutes les wilayas du pays. Et pour cause, ce 14 juin coïncide avec le 18ème anniversaire du printemps noir et des douloureux événements qui ont eu lieu en Kabylie où la violente répression qui a suivi les nombreuses manifestations organisées contre le pouvoir, suite à l’assassinat du jeune Massinissa Guermah, a causé 126 morts et des centaines de blessés.
Il y’a 18 ans justement, un certain 14 juin 2001 une imposante marche sur Alger, à laquelle avaient appelé les arouchs, a été violemment réprimée.
‘‘Pour que nul n’oublie’’, ‘’Ulac Smah ulac’’ ou encore ‘’L’Algérie pleure ses martyrs’’. Autant de banderoles qui ont été déployés ce vendredi par les manifestants qui ont voulu à leur manière rendre hommage aux enfants d’Algérie sacrifié, selon eux, sur l’autel de la «dictature de Bouteflika» et de son ministre de l’intérieur de l’époque, Yazid Zerhouni. A ce propos, nombreux sont les citoyens qui réclament l’ouverture de ce dossier par la justice. «Il faut que les criminels rendent compte de leurs crimes», insiste un groupe de jeunes manifestaient du côté de la Grande-poste, au milieu d’une grande foule.
L’autre particularité de ce 17ème vendredi consécutif des marches est qu’il intervient au lendemain de l’incarcération à la prison d’El Harrach de plusieurs aniciens hauts responsables de l’Etat, Ouyahia et Sellal, ex-Premiers ministres sous Bouteflika, en premiers. ‘’Que du bonheur’’ résume une pancarte déployée par une femme et dans laquelle, il est fait état de l’arrestation des mis en cause. Le yaourt, comme pour rappeler à Ouyahia son mépris envers le peuple algérien, était omniprésent au milieu des manifestants, qui prennent des selfie avec des pots, qu’ils distribuent gratuitement au premier venu. Comme quoi, l’humour et la bonne ambiance caractérisent toujours les marches des Algériens.
Cependant, les manifestants n’oublient pas l’essentiel pour lequel, ils investissent les rues d’Algérie depuis le 22 février, à savoir le changement radical et réel du système politique en place depuis 1962 et le départ de toutes les figures symbolisant le régime de Bouteflika, dont bien entendu Bensalah et Bedoui. Ils n’hésitent pas également à tacler le chef d’Etat-major, le général de corps d’Armée, Gaid Salah, pour n’avoir pas, selon eux, «fait dégager» le chef d’Etat et son Premier ministre alors que les élections du 4 juillet ont été annulées. Pour les manifestants, il n y aura point de scrutin avec les résidus de Bouteflika et l’idéal, soutiennent-ils, est de mettre en place une période de transition démocratique qui ne sera pas longue, menée par des personnalités «propres», «honnêtes» et «intègres», en n’ayant pas de passé avec ce qu’ils appellent ‘‘Issaba’’ (la bande).
Quid des poursuites judiciaires qui ciblent plusieurs anciens responsables ? A ce sujet, les citoyens exigent à ce que toute personne qui a mis la main dans la patte soit jugée. « J’espère que ces derniers événements ne soient pas un sorte de feu de paille pour calmer les esprits et nous faire oublier le principal. Certes, nous souhaitons que tout le monde rende des comptes mais nous ne perdons pas de vue que le système en place est invité à dégager. En tous les cas, ne nous n’allons pas nous arrêter jusqu’à ce que nos revendications soient satisfaites», promet un quinquagénaire.
Inutile de souligner, enfin que la mobilisation est restée (encore une fois) intacte. Comme c’est le cas à Alger où les principales artères du centre-ville ont été envahies par les manifestants, plus que jamais déterminés en dépit des tentatives d’empêcher les manifestants de rallier la capitale. Et comme toujours, les slogans anti-pouvoir ont longtemps fusé, dans la bonne ambiance et, surtout, avec beaucoup de … yaourt.
Liès Bourouis