‘’Bensalah dégage’’. ‘’Yetnehaw gâa’’ (Ils doivent tous partir). Le mot d’ordre du peuple algérien reste toujours le même pour ce 9ème vendredi des manifestations et des marches contre le pouvoir. D’Alger à Tamanrasset, de Tébessa à Tlemcen, les millions de manifestants ne semblent pas disposés à faire des concessions et campent sur leur position, exprimés à chaque fois dans la rue, comme c’était le cas ce 19 avril, soit le premier vendredi après la chute du premier ‘’B’’, en l’occurrence le président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaiz, sur les quatre qui sont appelés à se retirer (Bensalah, Bedoui et Bouchareb). Surtout, cet acte 9 de la manif’ intervient au lendemain de l’annonce faite par le chef de l’Etat par intérim d’organiser une conférence de dialogue et de concertation en conviant des personnalités politiques, des acteurs du mouvement populaire et autres juristes pour lundi, 22 avril. Bensalah a même entamé des consultations avec des responsables politiques en vue d’explorer des pistes de sortie de crise. Cependant, la réponse des algériennes et des algériens ne s’est fait pas attendre. Elle a eu lieu dans la rue à travers ces imposantes marches. Les manifestants ont réitéré leurs exigences de voir tous les symboles du régime de Bouteflika se retirer de la scène politique, à commencer donc par le chef de l’Etat, Bensalah, et son Premier ministre Bedoui. Au passage, il est inutile de signaler que les élections du 4 juillet sont d’ores et déjà rejetées.
Tout dans le calme !
A Alger qui a connu la semaine passée de sérieux dérapages et heurts, tout s’est déroulé cette fois-ci dans le calme et la bonne ambiance. L’on a remarqué que le dispositif sécuritaire était relativement allégé, hormis le quadrillage des principales institutions tels les sièges de l’APN et de la Wilaya. Par mesure de sécurité, le tunnel de la faculté qui été théâtre vendredi dernier d’incidents entre manifestants et forces de l’ordre a été interdit d’accès par les forces antiémeutes qui ont dressé un barrage à ses deux entrées. Après des premiers rassemblements observés dés la matinée, notamment du coté de la placette Audin et de l’esplanade de la Grande Poste, les artères et les places habituelles d’Alger-centre ont été envahies par des marées humaines dés la fin de la prière de vendredi et ce, malgré le blocage des accès menant vers le cœur de la Capitale. En effet, des embouteillages monstres ont été provoqués à l’entrée d’Alger, notamment au niveau des Bananiers, Dar El Beida et El Hamiz où des centaines d’automobilistes ont du rebrousser, le cœur serré, chemin. Mais qu’à cela ne tienne néanmoins car peu à peu, les rues et les boulevards dont devenus noirs du monde. Des femmes, des familles, des enfants marquent leur présence. Les manifestants chantent, crient leur ras- le-bol, dénoncent. Beaucoup sont drapés de l’emblème national, d’autres avec le drapeau amazigh ou les deux à la fois, comme pour montrer l’attachement à une identité plus que millénaire. Des jeunes bénévoles vêtus de gilets oranges sont là pour faire barrage à toute tentative de violence ou d’éventuelles agressions et autres vols à la sauvette et encadrer et sécuriser la manifestation. Sur les trottoirs, des jeunes réalisent de belles affaires, financièrement parlant en écoulant toutes sortes de produits. Tout se vend. A coté des écharpes et autres drapeaux et objets aux couleurs nationales, l’on pouvait s’offrir des beignets, des bouteilles d’eau, du Kalbellouz et même de zlabia pour rappeler que nous sommes à quelques encablures du mois sacré de Ramadhan…
Liès Bourouis