La Turquie ne cédera pas « aux menaces de sanctions » des Etats-Unis concernant un accord prévoyant l’achat par Ankara de systèmes de défense antiaérienne et antibalistique russes S-400, a affirmé dimanche le vice-président turc. « Les menaces de sanctions des Etats-Unis signifient qu’ils ne connaissent pas la Turquie. Personne ne peut travailler avec la Turquie en employant le ton de la menace », a déclaré Fuat Oktay lors d’une interview à la chaîne de télévision Kanal 7. « La décision au sujet des S-400 a été prise. Une fois un accord conclu, une parole donnée, la Turquie respecte la parole donnée », a-t-il ajouté.
Selon Ankara, la livraison des premières batteries de S-400, un système de défense antiaérienne et antibalistique dernier cri, est prévue cet été, en juin ou en juillet. Mais les Etats-Unis s’opposent fortement à cette acquisition, sommant Ankara de choisir entre le système de défense russe et les avions de chasse américains F-35, dont la Turquie souhaite également acquérir 100 exemplaires.
Les Etats-Unis craignent que la technologie dont sont dotées les batteries S-400 ne serve à collecter des données technologiques sur les avions militaires de l’Otan, dont est membre Ankara, et que la Russie puisse ainsi y accéder. Si la Turquie va au bout de cet accord sur les S-400, elle pourrait tomber sous le coup d’une loi américaine qui impose des sanctions économiques à tout pays qui conclut des contrats d’armement avec des entreprises russes. Le chef du Pentagone, Patrick Shanahan, a prévenu vendredi que les Etats-Unis se préparaient à un retrait de la Turquie du programme de fabrication des F-35 au cas où Ankara ne renoncerait pas à l’achat des S-400. Des entreprises turques participent depuis le lancement du programme à la fabrication du F-35, avec notamment des pièces pour le train d’atterrissage et des pales de rotor en titane. Le Pentagone n’a fixé aucune date pour l’arrivée en Turquie des F-35 et a suspendu début avril les livraisons d’équipements au sol liés à l’usage de cet appareil.