L’acte 10 des marches pacifiques, mises en branle depuis le 22 février dernier, a apporté, ce vendredi 26 avril, comme attendu son lot de nouveautés en termes de slogans et d’exigences du peuple algérien.
En effet, nombreux sont les citoyens qui appellent le chef d’Etat-major à écouter la voix populaire et de traduire en justice toutes les personnes impliquées dans des affaires de malversations et de corruption dont Said Bouteflika, le frère de l’ancien président de la République, soupçonné d’être le mentor et le protecteur de tous les hommes d’affaires qui ont détourné et dilapidé l’argent public. D’autres manifestants s’en prennent carrément au général de corps d’armée, Gaïd Salah, pour ses prises de positions «contradictoires » et «pas du tout claire», pour paraphraser les manifestants qui ont investi les rue de toutes les wilayas du pays, pour réclamer, comme toujours, le départ du chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, et du Premier ministre, Noureddine Bedoui, et son gouvernement.
A Alger, la mobilisation reste intacte. Preuve en est, l’esplanade de la Grande-poste et la placette d’Audin ont été envahies tôt le matin. A midi, les lieux sont déjà noires du monde avant que la déferlante humaine ne gagne l’ensemble des principales artères d’Alger-centre, de la place 1er mai en passant par Hassiba Ben Bouali et le boulevard Amirouche, remontant jusqu’à la rue Pasteur et Didouche Mourad, le tunnel des facultés étant, comme vendredi dernier, fermé par la police par mesure de sécurité. Le mot d’ordre principal est le même. Le peuple exige le changement au sens vrai du terme. La folle semaine qu’ont vécue les algériens ne donne pas l’impression de les avoir refroidis. On pense aux poursuites judicaires engagées contre des hommes d’affaires (frères Kouninef, Rebrab,…) et les menaces qui planent sur des personnalités politiques (Ouyahia, Loukal, Ould Abbès) mais aussi aux grands changements opérés dans plusieurs institutions ou grosses entreprises (Ould Kaddour, Melzi,…). Mais ceci est loin de convaincre le peuple qui même s’il ne fait pas la fine bouche de voir la ‘‘Issaba’’ démasquée, veut cependant plus. Gaïd Salah est plus que jamais interpellé à ce sujet par les manifestants qui n’arrivent pas à cerner ses réelles intentions. Pour un grand nombre d’entre eux, on n’hésite pas à avancer le terme ‘’trahison’’, d’autres l’invitent tout simplement à partir. Citant l’exemple du blocage par la gendarmerie nationale des accès routiers menant vers la capitale Alger et les fouilles minutieuses des véhicules, ils dénoncent le «double jeu» prôné par Gaïd Salah d’autant que lors d’un de ses messages, rappellent-ils, il s’est clairement engagé à protéger les citoyens dans les manifestations et les a encouragés à marcher.
‘‘Non à un régime militaire’’ et ‘‘Non aux élections du 4 juillet’’ ont été par ailleurs longuement entendus lors de ce 10ème vendredi consécutif des manifestations contre le pouvoir, comme pour dire au chef d’Etat-major de l’ANP que le peuple ne veut nullement entendre parler d’une solution constitutionnelle ou d’une ingérence de l’Armée dans la politique.
Liès Bourouis