Malgré la démission de Bouteflika, le peuple algérien est loin d’être rassasié et exige pour la énième fois le départ de tout le régime, toujours en place après un mois et demi de manifestations et de marches pacifiques.
Le premier vendredi de l’après-Bouteflika n’a donc pas dérogé à la règle. Des millions de personnes sont en effet sortis dans les rues de toutes les wilayas du pays pour exiger la destitution des résidus du système, notamment les 3B, à savoir Bensalah, Bedoui et Belaiz. Le premier, président du Conseil de la nation, est, constitutionnellement parlant, le chef d’Etat intérimaire tout désigné pour prendre les rênes du pays lors de cette période de transition. Une option que le peuple rejette catégoriquement du fait que celui qui a été le 2ème personnage de l’Etat sou l’ère de Bouteflika est un pur produit du système. Le deuxième n’est autre que le Premier ministre que tout le monde sait dans quelle circonstance il a été désigné, donc pas reconnu, et dont le gouvernement est déjà très contesté de par sa composante. Quant au président du Conseil constitutionnel, sa désignation par Bouteflika dans ce poste est illégale du fait que la loi ne le permet pas d’occuper cette fonction à deux reprises. Et surtout, le peuple sait pertinemment que Belaiz est un acteur majeur dans la tentative du clan présidentiel d’imposer un 5ème mandat à Bouteflika. aux 3B, s’ajoute également Bouchouareb du FLN mais aussi le chef de l’Etat-major de l’ANP, le général des corps d’Armée, Gaïd Salah, peu épargné par les manifestants qui l’invitent à quitter le navire Algérie.
A Alger comme partout ailleurs, la mobilisation n’a pas baissé d’un iota. Les premiers rassemblements se sont formés dés la matinée, du coté de l’esplanade de la Grande-poste. Mais il fallait cependant attendre la fin de la prière de vendredi pour constater l’ampleur et l’étendue de la manif’. De la place du 1er mai à la Grande poste en passant par le rue Hassiba Ben Bouali, le boulevard Amirouche jusqu’à la placette Audin et la rue Didouche Mourad, des marées humaines ont en effet bondé les principales artères d’Alger-centre. Drapés de l’emblème national pour beaucoup d’entre-eux, les manifestants scandaient dans le calme et la bonne ambiance des slogans anti-pouvoir, connus pour d’autres et inventés pour certains par la circonstance. “Djeich chaâb khawa khawa” (L’armée et le peuple sont frères), “Yetnehaw gâa” (tous doivent partir), ‘‘Le peuple veut : 3B + GS (Gaïd Salah) = Out’’, “FLN dégages’’ ou encore ‘‘Manache habssine koul djemâa kharjine’’ (Nous n’allons pas nous arrêter, nous sortirons chaque vendredi) ont à ce propos longtemps fusé, appuyés par des youyous stridents.
Et comme par le passé, le 7ème vendredi a été marqué par des scènes de civisme, de citoyenneté et de générosité entre le peuple algérien à travers des scènes marquantes et significatives à plus d’un titre. A l’exemple de la distribution de la nourriture, le couscous notamment aux manifestants ainsi que de l’eau à boire.
Liès Bourouis