La convocation par la justice pour ce dimanche de l’ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et de l’actuel ministre des Finances, Mohamed Loukal, pour des faits de corruption et de malversations a fait beaucoup « d’heureux » en Algérie. A voir, en effet, le «comité d’accueil» mis en place dés la matinée par des centaines de citoyens devant l’entrée du tribunal correctionnel de Sidi M’hamed près la Cour d’Alger où les deux mis en cause sont convoqués, l’on se rend compte vite que l’homme politique le plus détesté d’Algérie ne laisse assurément pas indifférent. Les manifestants sont venus avec des pots de yaourt, comme pour rappeler à Ouyahia qu’il est allé jusqu’à vouloir privé les Algériens de consommer du yaourt. Intervenant quelques jours seulement après l’appel lancé à la justice par le chef d’Etat-major de l’ANP, le général des Corps d’armée Gaïd Salah à la justice d’ouvrir des dossiers de corruption, d’aucuns voient en cette opération ‘‘main propre’’ un règlement de compte dont l’objectif essentiel est de calmer l’ardeur du peuple algérien en cette conjoncture et d’apaiser les esprits d’un peuple en colère depuis le 22 février dernier, date du début du mouvement populaire même s’ils ne font pas la fine bouche. Car s’il est vrai que c’est la première fois qu’on assiste en Algérie à un tel scénario de voir un ministre des Finances et un ex-Premier ministre fraîchement remplacé être convoqués par la justice, les doutes persistent toujours quant à la volonté réelle des décideurs , même si des décisions fortes ont été prises déjà auparavant, comme l’arrestation de Haddad, l’ex-puissant président du FCE proche du cercle présidentiel, ou encore l’interdiction de sortie du territoire nationale imposée à une dizaine d’hommes d’affaires soupçonnés dans des dossiers liés à la corruption et au transfert illégal de la devise. Tellement ce fait est inédite, certains n’hésitent pas à affirmer que cette mise en scène de la convocation d’Ouyahia est destinée beaucoup plus pour la consommation et vise tout simplement à faire diversion en détournant l’attention du peuple au détriment des manifestations et autres marches. Ce qui est certain, c’est que les Algériens veulent que la justice aille jusqu’au bout et qu’elle n’épargne aucune partie, quelle que soit son rang et son poids. C’est sans doute à cette seule condition qu’ils pourront enfin croire en cette opération main propre.
Liès Bourouis