Faisant face depuis un mois à une fronde populaire sans précédent, Emmanuel Macron, a fini par faire son mea-culpa en s’adressant, lundi 10 décembre, solennellement à son pays. De son discours, trois idées essentielles en ressortaient. D’abord il a assumé sa part de responsabilité dans la crise actuelle, il a apporté des réponses aux revendications des «gilets jaunes», et enfin il a tenté de prendre les Français à témoin de sa bonne volonté.
Macron a tranché pour ce moyens de communication après l’échec de ses tentatives de faire amende honorable à travers des déclarations ici et là. Toutefois, il semble que la colère des gilets jaunes qui ont exprimé leur ras-le-bol fiscal et leur refus de l’érosion du pouvoir d’achat est toujours intacte.
Le président Emmanuel Macron a pourtant annoncé des mesures concrètes, dont l’augmentation de 100 euros du salaire minimum, et une feuille de route économique et social pour régler la crise que traverse la France, mais les « gilets jaunes » ont exprimé leur déception. « C’est l’état d’urgence économique et social que je veux décréter aujourd’hui », a-t-il dit dans son allocution aux Français. Ce discours était très attendu par les « gilets jaunes », après la quatrième journée de manifestations qui ont rassemblé, samedi dernier, plus de 136 000 personnes en France. La démission du président Macron a été la revendication essentielle de nombreux « gilets jaunes ». Tout en disant rester intransigeant face aux violences auxquelles « ne bénéficieront d’aucune indulgence », le président français a indiqué que la colère exprimée par les Français c’est « 40 années de malaise qui resurgissent ». Il a également reconnu que l’effort qui a été demandé aux retraités a été « trop important et il n’était pas juste ». A cet effet, la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG), un prélèvement obligatoire qui participe au financement de la sécurité sociale et de l’assurance chômage, sera annulée pour les retraités gagnant moins de 2 000 euros par mois, a-t-il annoncé, mais il a refusé de revenir sur l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), une des revendications clé des « gilets jaunes ». « Pendant près de quarante ans, il a existé, vivions-nous mieux pendant cette période ? Les plus riches partaient », a-t-il expliqué. Des observateurs ont tout de suite relevé que deux revendications fondamentales des Français en colère ne figurent pas dans ses mesures : l’ISF et la modification du système représentatif, pour l’instauration d’un référendum d’initiative citoyenne, que les « gilets jaunes » réclament pour les questions sensibles qui intéressent les Français. Le président Macron a également exprimé sa volonté de vouloir réformer « profondément » l’Etat pour mettre sur pied des « règles plus justes », souhaitant, à cet effet, un débat national dans les prochains jours et semaines. La première réaction de l’opposition est venue du leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui a estimé que le président de la République « se trompe d’époque », appelant à un acte V de la mobilisation pour samedi prochain.
Fatima Aissat