Le Président
de la République, Abdelmadjid Tebboune a présidé dimanche une réunion du
Conseil des ministres, sanctionnée par un communiqué, dont voici le texte
intégral:
« Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, chef suprême des
forces armées, ministre de la Défense nationale a présidé, dimanche 19 avril
2020, la réunion périodique du Conseil des ministres.
A l’entame de la réunion, le Premier ministre a présenté le bilan des activités
du gouvernement depuis la tenue, le 22 mars dernier, de la dernière réunion du
Conseil des ministres.
S’en est suivi un exposé du ministre de la Justice, Garde des sceaux qui a
présenté, pour débat et adoption, un avant projet de loi modifiant et
complétant l’ordonnance n 66-156 du 08 juin 1966 portant Code pénal.
Les dispositions du texte proposent une adaptation de cette loi avec les
mutations survenant dans le pays, afin de prendre en charge les nouvelles
formes de criminalité qui en découle, et combler le vide dans le système
juridique en matière de gestion des crises.
Les dispositions, adoptées par le Conseil des ministres, proposent aussi de
criminaliser les actes qui se sont répandus ces dernières années au point de
menacer la sécurité et la stabilité du pays, notamment la diffusion de fakenews
pour porter atteinte à l’ordre et à la sécurité publics, l’atteinte à la sûreté
de l’Etat et à l’unité nationale, la falsification en vue de l’obtention
d’aides publics financières, matérielles et en nature, ainsi que d’exonérations
fiscales. Il s’agit aussi d’actes portant atteinte à la probité des examens et
concours, de mise en danger d’autrui ou à leur intégrité corporelle.
Il est question également d’un durcissement des peines pour les crimes
d’outrage et d’agression contre la personne de l’imam, destruction ou profanation
de lieux de culte publics, et enfin l’augmentation des limites , minimales et
maximales, de l’amende relative à la violation des règlements émanant de
l’administration.
Intervenant au terme de cet exposé, le président de la République a affirmé que
ce projet s’inscrivait dans le cadre de ses engagements, notamment pour ce qui
a trait à la moralisation de la société et de l’administration, et à la rupture
définitive avec les pratiques ayant porté atteinte à l’image de l’Etat et à la
probité de ses cadres, dans le cadre d’un Etat fort et équitable sans aucune
ambiguïté entre la liberté et l’anarchie.
Et d’ajouter, nous sommes déterminés à édifier une véritable démocratie, étant
une revendication populaire irréversible, une démocratie accordant à tout un
chacun la place qu’il mérite indépendamment de sa position sociale.
Le président
de la République a fait observer que la démocratie que nous ambitionnons de
construire ensemble, n’arrange pas ceux qui ont répandu la corruption sur la
terre en amassant des fortunes suspectes et bénéficié de privilèges indus en
usant de différents moyens.
La véritable démocratie ne saurait se construire que dans le cadre d’un état
fort avec sa justice et sa cohésion nationale, et nous sommes déterminés à
édifier cet Etat avec son référent novembriste. L’Etat fragile ne peut donner
lieu qu’à l’édification d’une pseudo démocratie ouvrant les portes à l’anarchie
et à la violation de la loi, à l’utilisation de l’Etat à des fins personnelles,
et il me désole de dire que nous vivons une certaine anarchie affectant parfois
les fondements de l’unité nationale et la conspiration avec certains réseaux
étrangers hostiles au pays.
Le Président a demandé, par la suite, au ministre de la Justice, Garde des
sceaux de transmettre ses remerciements et son estime aux magistrats pour les
efforts consentis afin de rendre des jugements équitables, préservant la nation
de l’injustice et de la corruption.
Le Conseil des ministres a ensuite entendu le ministre de l’Intérieur, des
Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire qui a présenté un
exposé sur l’opération de solidarité en faveur des familles nécessiteuses
impactées par la crise sanitaire et celles bénéficiant de l’aide annuelle au titre
du mois sacré de Ramadhan.
Il ressort des statistiques que jusqu’au 18 avril en cours, 388.000 familles
impactées, dont plus de 178.000 (45%) dans la wilaya de Blida, ont bénéficié de
plus de 12.000 tonnes de produits alimentaires à titre d’aides issues de 39
wilayas dans le cadre de la solidarité.
De plus, 220.000 familles vivant dans 5.500 zones d’ombre ont été entièrement
couvertes en termes d’aides mais aussi de moyens nécessaires à une vie décente,
comme l’eau potable.
Dans le cadre de la lutte contre la spéculation et le monopole, 482 dossiers
ont été déférés devant la Justice et quelque 2.500 tonnes de produits
alimentaires et plus de six millions et demi (6,5 millions) d’unités de
produits et équipements pharmaceutiques, tels que les médicaments, les
solutions hydroalcooliques, les gants et les masques, ont été saisies.
Concernant l’allocation de solidarité pour le mois sacré de Ramadhan, dont le
président de la République a décidé de porter le seuil minimum à 10.000 DA, le
ministre a fait état de l’achèvement du recensement de 2.200.000 familles, dont
les listes sont en cours d’assainissement pour éviter les doubles allocations.
Un montant de 22 milliards de DA a été alloué à cette opération.
Quant aux autres catégories impactées par les mesures préventives, à l’instar
des professions libérales, celles-ci restent soumises à la régulation des
secteurs concernés, pour la mise en place des mécanismes et dispositions
nécessaires à leur prise en charge.
Au terme de
l’exposé, le président de la République a affirmé que la solidarité est un
phénomène salutaire qui honore l’Algérie et lui confère sa particularité dans
le monde.
Une qualité qui caractérise notre grand peuple à chaque fois qu’il a
rendez-vous avec l’Histoire comme aujourd’hui face à la pandémie de nouveau
Coronavirus ou hier avec le Hirak populaire béni, a ajouté le Président
Tebboune.
Adressant ses remerciements au peuple algérien pour cet élan de solidarité qui
a atténué l’impact de la crise, ainsi qu’aux walis, cadres et société civile
qui l’ont encadré et ont concouru à sa réussite, M. Tebboune a appelé à la
reconstruction de la société civile de manière à favoriser son adhésion au
contrôle populaire, et ce par l’encouragement des associations caritatives.
Le président de la République a souligné, à ce propos, que le véritable
contrôle est le contrôle populaire et non pas administratif, ordonnant aux
ministres de l’Intérieur et du Travail de classer les associations qui se sont
distinguées pendant la crise sanitaire actuelle en associations d’utilité
publique, sans lesquelles nous n’aurions pas pu obtenir ces résultats
impressionnants en matière de solidarité et de distribution des aides.
Il a ensuite enjoint d’accélérer l’agrément des associations civiles sérieuses,
au niveau national ou local, à condition qu’elles soient affranchies de toute
orientation politique ou idéologique.
Par la suite, le ministre de l’Industrie et des Mines a pris la parole pour
présenter un exposé sur la situation du secteur à commencer par l’organisation
du ministère au niveau central ainsi que ses structures et ses entreprises.
Il a également présenté une étude détaillée sur les divers systèmes juridiques
et réglementaires régissant l’investissement et la gestion du secteur public
commercial, relevant les vides et lacunes existant, essentiellement l’absence
d’une stratégie industrielle nationale.
Ainsi, et partant de la réforme des structures de gouvernance et de gestion
direct de l’économie productive, le ministère a tracé une stratégie
industrielle à travers :
Deuxièmement : La réorganisation du secteur économique public relevant du
ministère de l’Industrie et des Mines en vue de sa relance et sa séparation
complètement du Trésor public en tant que principal pourvoyeur.
Réagissant à cet exposé, le président de la République a affirmé que
l’évaluation doit s’appuyer à la réalité amère pour pouvoir sortir avec une vision
claire de ce que nous voulons réaliser.
Malheureusement, a-t-il déploré, cette réalité montre que nous ne sommes pas
parvenus, à ce jour, à produire localement à 100% un téléviseur ou un
réfrigérateur alors que l’Algérie recèle des compétences scientifiques dans les
divers domaines. Des compétences qui ont démontré leur potentiel dans notre
lutte collective contre
la propagation de la pandémie du Coronavirus, a ajouté le Président de la
République.
Dans ce cadre, le Président de la République a insisté sur la prise des mesures
pratiques pour accélérer la mise en place d’un nouveau modèle économique basé
sur la diversification du développement et l’économie du savoir, en sus d’une
nouvelle politique d’industrialisation orientée vers les industries petites,
moyennes et émergentes.
En matière du montage industriel, le Président de la République a mis l’accent
sur l’importance d’accorder la priorité aux produits garantissant un taux
d’intégration élevé en vue de réduire la facture d’importation et créer des
postes d’emploi, instruisant, par la même, de recenser toutes les ressources
naturelles nationales non exploitées afin de renforcer nos capacités
d’exportation, de compenser la baisse des recettes hydrocarbures et de
préserver cette richesse aux générations montantes.
Et d’ajouter, nous avons des compétences algériennes et des ressources
matérielles susceptibles de nous mettre à l’abri de l’instabilité des recettes
pétrolières, appelant à mettre en valeur les ressources humaines afin de
remporter le pari, de surmonter les séquelles de la pandémie Covid-19 et de
jeter les fondements d’une véritable industrie nationale dans le cadre d’une
véritable économie, dont les échéances et les objectifs sont bien définis.
Le Conseil a écouté, par la suite, un exposé du ministre de l’Energie sur cette
crise inédite que connaissent les marchés mondiaux du pétrole en raison de la
baisse de la demande due à la stagnation de l’économie mondiale suite à la
propagation de la pandémie de nouveau coronavirus et la production anarchique
de certains pays producteurs, ce qui a eu pour effet une saturation des marchés
et un effondrement des prix.
L’exposé a rappelé qu’en vertu de l’accord du 12 avril courant de l’OPEP +
relatif à la baisse de la production en trois étapes jusqu’à avril 2022, la
part des exportations de l’Algérie va baisser, pour une première étape, de
241.000 barils/jour, puis de 816.000/barils/ jour à compter du 1er mai.
Cette part augmentera à partir du premier juillet jusqu’à 864.000 barils/jours
avant d’atteindre le seuil de 912.000 barils/jours entre janvier 2021 et avril
2022.
Intervenant à l’issue de l’exposé, le Président de la République s’est
interrogé jusqu’à quand devrons nous rester tributaire des fluctuations du
marché mondial du pétrole, mettant l’accent sur la nécessité de se tourner
résolument et avec détermination vers l’industrie pétrochimique, le
développement des secteurs de l’industrie et de l’agriculture et l’exploitation
des ressources humaines sortant chaque année de nos universités afin de
permettre aux jeunes de mettre en avant leur génie habituel.
Le Président Tebboune a insisté également sur la nécessité de s’orienter
immédiatement vers l’investissement dans le secteur des énergies renouvelables
pour l’exportation afin d’immuniser notre indépendance économique contre toute
éventualité pouvant se produire sur le marché pétrolier.
Dans le même
contexte, le Président de la République a appelé Sonatrach à élargir ses plans
d’investissement dans les projets pétroliers à l’étranger afin d’améliorer les
recettes de l’Etat.
L’exposé présenté par le ministre de la Santé, de la Population et de la
Réforme hospitalière a porté sur le développement de la situation sanitaire du
pays à travers une analyse des statistiques relatives à la pandémie de nouveau
coronavirus et du volume des stocks disponibles actuellement au niveau de la
Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) ou des hôpitaux, qui s’élève aujourd’hui
(hormis la commande dont l’arrivée est prévue avant le 10 mai prochain) à 25
millions masques ordinaires, 900.000 autres pour les professionnels de la
santé, 255.000 boîtes de Chloroquine, et 215 mille tests PCR ainsi que 36 mille
tests PCR rapides.
Le ministre a en outre passé en revue la stratégie adoptée dans le cadre de la
lutte contre la pandémie, laquelle a permis de créer une plateforme
électronique permettant le contrôle de la situation et le suivi de l’évolution
de la pandémie, de la mobilité des patients, en sus de la disponibilité des
lits et des équipements de prévention, de protection, de diagnostic et de
traitement au niveau national.
Commentant cet exposé, le président de la République s’est incliné devant la
mémoire des victimes de la pandémie, avant de souhaiter prompt rétablissement aux
patients.
Dans le même sillage, le Président de la République a exprimé sa satisfaction
quant à l’amélioration relative en matière de lutte contre la propagation de la
pandémie, appelant, à ce propos, à faire montre de davantage de discipline, de
vigilance et de patience.
Evoquant l’importation des équipements médicaux, le Président Tebboune a
ordonné la poursuite des actions programmées, en dépit de l’amélioration de la
situation, pour parer à toute éventualité à l’avenir.
Le Président de la République a tenu à saisir cette occasion pour réitérer ses
remerciements aux personnels de la santé, ainsi qu’à tous les secteurs ayant
contribué à juguler le champ de contamination. Le peuple algérien en entier
vous est reconnaissant et est solidaire avec vous, a-t-il affirmé.
Il a également remercié tous les départements ministériels ayant participé
activement à la production des masques et autres moyens de protection.
Rappelant que « la crise est souvent source de motivation », le
Président Tebboune a mis en avant l’impératif de mettre à profit cette
situation pour une révision du système sanitaire dans le fond et en détail pour
cadrernotamment avec la croissance démographique estimé à un (1) million
d’habitants annuellement et asseoir un système de santé moderne garantissant au
citoyen une prise en charge sanitaire décente.
Il a appelé,
dans ce sens, à la libération des initiatives et à la production des
équipements médicaux localement non seulement pour atteindre l’autosuffisance
mais pour l’exportation également, soulignant la disponibilité de l’Etat à
mettre en place les incitations financières nécessaires à cet effet.
Par ailleurs, le président de la République a mis en avant l’importance de
renforcer le contrôle qualité sur les médicaments et les produits alimentaires
importés en augmentant le nombre de laboratoires au niveau de tous les points
d’accès sur le territoire national.
Au terme de son intervention, M. Tebboune a condamné le comportement contraire
à la morale de ceux qui utilisent la pandémie afin de semer la panique et le
désespoir pour servir des intérêts douteux sans aucun lien avec les intérêts du
peuple.
La dernière intervention a été celle du ministre de la Micro-entreprise, des
Startups et de l’Economie de la connaissance qui a évoqué les contributions de
jeunes innovants porteurs de projets et de startups dans la prévention et la
lutte contre la pandémie Covid-19.
Des contributions traduites par la mise au point de solutions, réalisables dans
l’immédiat pouvant constituer un appui direct aux efforts de l’Etat face aux
défis imposés, tant en matière d’équipements médicaux, qu’en moyens de
protection, de prévention et de services de soutien, ou encore pour juguler les
répercussions négatives suite au ralentissement de la cadence de l’activité
économique.
L’exposé a porté sur un échantillon d’innovations dans le domaine des
équipements médicaux, de logiciels de numérisation du secteur de la Santé, des
applications de dépistage et de diagnostic à distance, des plateformes
d’enseignement à distance, du E-commerce et de dons sur internet.
Il a mis en avant également la forte adhésion des secteurs public et privé, des
différentes universités et centres de recherche et des compétences nationales à
l’étranger, des potentialités à encourager pour amorcer une véritable dynamique
à même de relancer l’économie.
Commentant cet exposé, le président de la République s’est félicité de toutes
les initiatives jeunes, un des piliers de la relance industrielle de la
nouvelle Algérie.
Insistant sur la libération des énergies juvéniles, dont l’exploitation est
urgente pour l’Etat, le président de la République a instruit la réactivation
du Fonds de soutien aux micro-enteprises et startups, et l’élaboration de lois
régissant les initiatives des jeunes dans des cadres clairs, avant fin avril
courant.
De même qu’il a exhorté les startups à accorder actuellement davantage
d’intérêt aux besoins des hôpitaux, mettant l’accent sur l’urgence de
généraliser la numérisation au service de l’économie nationale.
De même qu’il a appelé à la transparence dans la gestion pour une rupture avec
l’opacité de fait habituelle afin que le citoyen puisse le constater dans son
quotidien.
En ce sens, il a enjoint la recherche, en coordination avec le ministère du Commerce, d’une formule flexible permettant de faciliter et d’accélérer le retrait du registre de commerce par les jeunes porteurs de projets.
Avant la levée de la séance, le Conseil des ministres a validé des nominations et des fins de fonction dans nombre de ministères.