Après l’échec du premier round du dialogue et le report de la présidentielle du 4 juillet, le pouvoir s’apprête à lancer de nouvelles initiatives et faire d’importantes concessions politiques. La tenue d’une élection dans les plus brefs délais est devenue une obsession pour les décideurs qui tentent par tous les moyens de séduire la rue et la classe politique. Ils sont pressés d’aboutir à un consensus même fragile pour organiser le scrutin qu’ils s’évertuent à présenter comme principale, voire même l’unique solution de sortie de crise.
La conférence nationale que projette de tenir le pouvoir constitue à coup sûr le premier et vrai test politique. Elle renseignera sur le sérieux et crédibilité d’une démarche hâtive et pas mûre qui risque de déboucher sur un nouvel échec fatal pour le chef de l’Etat et son équipe. La nouvelle manche de concertation que ces derniers comptent lancer intervient alors que la rue gronde et la protestation gagne en intensité et même en agressivité au regard des banderoles et des mots d’ordres brandis ces derniers vendredi. Cette montée en tension empêche la classe politique de décider, de proposer et d’adhérer aux initiatives du pouvoir, préférant attendre la décantation. Les personnalités politiques et les potentiels hésitent à se découvrir de peur d’être grillés et de perdre l’onction populaire. Tout le monde est dans l’attente sauf le pouvoir qui multiplie initiatives et offres de dialogue dans l’espoir de créer un déclic politique et électoral qui permettrait l’organisation du scrutin présidentiel tant souhaité comme clé de la crise. En concédant à la classe politique et plus particulièrement à l’opposition une concession sur l’organisation et l’encadrement, missions retirées aux ministères de l’intérieur et celui de la justice pour les confier à une haute autorité indépendante, se veut comme une preuve de bonne foi et un gage de bonne volonté de la part du pouvoir. Cette instance dont la décision est définitivement arrêtée sera un des points qui sera mis sur la table de la concertation entre le pouvoir et la classe politique les personnalités nationales et les représentants de la société civile.
Les contours, les missions et le mode de fonctionnement de cette structure longtemps revendiquée par les chefs de partis pour garantir un scrutin régulier et transparent seront discutés probablement lors de la conférence nationale qui se tiendra la semaine prochaine à Alger. Les regards resteront donc rivés sur la suite que donneront les chefs de paris et autres invités à cette rencontre et attendre les résultats de ces travaux pour entrevoir les évolutions et les perspectives politiques du pays durant l’été qui ne fait que commencer et qui promet d’être chaud politiquement, un peu plus que d’habitude. L’avenir politique du pays est à la croisée des chemins. Tout se joue maintenant.
M.Ait Mohand