Pour le 4ème vendredi de suite, et avec des slogans « actualisés », les algériens sont sortis dans toutes les wilayas d’Algérie pour dire, cette fois-ci, non au prolongement du 4ème mandat de Bouteflika et au changement « immédiat » du système, le tout dans le calme et la bonne ambiance. Et comparativement aux semaines précédentes, le moins que l’on puisse dire est que les foules étaient plus importantes. La mobilisation est restée visiblement intacte et les appels lancés sur facebook ont eu de forts échos.
En effet, et juste après la fin de la prière de vendredi, des marées humaines se sont formées un peu partout à Alger où les principales artères et places publiques du centre-ville ont été prises d’assaut. D’ailleurs, l’on a remarqué que tellement il y avait du monde que même les ruelles, étant saturées, ne pouvaient accueillir les manifestants.
Déjà, dés la matinée, les rue Didouche Mourad, la place Audin, la Grande Poste ou la place du 1er Mai des rassemblements de centaines de personnes ont été observés. C’est dire que les gens s’impatientaient pour investir la rue.
Vers 14h, ils étaient plus d’un million qui scandaient des slogans hostiles au pouvoir sous l’œil vigilant des dispositifs de sécurité déployés sur place. Les familles étaient omniprésentes. Beaucoup de femmes et d’enfants qui ont pu exprimer librement leur refus de ce régime. Les vieux étaient aussi en force. Drapés, comme il est de coutume désormais, de l’emblème national, les manifestants qui affluent de tous les quartiers de la capitale paraissent déterminés à ne pas fléchir et jurent de ne pas s’arrêter jusqu’à l’aboutissement des revendications du peuple.
A coté des ‘‘Dégages, dégages’’, ‘‘Djeich, chaâb, khawa khawa’’ et autre ‘‘silmiya, silmiya’’ (pacifique, pacifique), les manifestants n’ont pas oublié le président français, Emanuel Macron, pour son ingérence dans les affaires internes de l’Algérie et ses prises de positions en faveur du pouvoir.
Fraichement désignés Premier ministre et Vice-Premier ministre, Bedoui et Lamamra ont eu pour leur part leur dose de slogans et pouvaient entendu des vertes mais pas mûres !
Pendant ce temps, des groupes de secouristes tentent d’organiser les foules et accordent une attention particulière aux personnes vulnérables que des jeunes bénévoles passent avec des sachets pour récupérer les bouteilles vides et autres déchets. Une autre preuve de civisme et de citoyenneté qui ne surprend désormais plus tant on s’en habitue depuis le 22 février. D’autres riverains s’attellent à distribuer de l’eau et des dattes aux manifestants, en signe de solidarité avec ce mouvement populaire.
Dans les foules, quelques visages connus y font partie. On pense à la sœur du martyr de la guerre de libération nationale, Larbi ben M’hidi, ou encore à Karim Tabou de Union démocratique et sociale (UDS), non agréé, et néanmoins ancien dirigeant du FFS.
Cependant, cette belle ambiance et cette impressionnante convivialité a été alternée lorsque des incidents ont éclaté au milieu de l’après-midi, du coté de Telemly, où les forces antiémeutes ont fait usage de bombes lacrymogènes pour empêcher les manifestants de marcher vers la présidence de la République, sise à El Mouradia.
A la lumière donc de cette incroyable démonstration de force du peuple algérien qui réaffirme encore une fois son refus d’abdiquer, le pouvoir va-t-il céder et comprendre le sens de cette mobilisation ? Le contraire est assurément une dangereuse voie qui risque de mener le pays vers l’inconnu …
Liès Bourouis