Le Forum national sur le phénomène de la «harga» qui se poursuit aujourd’hui, à Alger, pour la deuxième journée consécutive, a été, l’occasion de mettre le doigt sur une situation qui constitue une tache noir dans le quotidien des Algériens en général et du gouvernement en particulier. Le défi est plus qu’énorme. Il s’agit de rechercher une action préventive commune permettant la mise en place d’actions dissuasives à l’égard de ces milliers de jeunes qui tentent de rejoindre l’autre rive de la méditerranée à bord d’embarcations de fortunes et souvent au détriment de leur vie.
Les chiffres communiqués par le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, à l’ouverture de cette rencontre sont effarants. Pas moins de 119 corps ont été repêchés et 96 autres personnes sont portées disparues suite à des tentatives d’émigration clandestine (harga) durant l’année 2018.
La majorité de ces jeunes n’avaient pas embarqué à partir des côtes algériennes. Des cas tristes et douloureux sont recensés, de jeunes partis discrètement et qui n’ont donné aucun signe de vie depuis. «Les autorités compétentes œuvrent, sans cesse, à la recherche de ces disparus dans le but de connaitre leur sort et apaiser leurs familles », explique M. Bedoui qui fait état « de dizaines de personnes sauvées en haute mer et empêchées ainsi de mettre leur vie en péril ».
Pour le ministre de l’Intérieur, « ces données qui traduisent l’ampleur et la gravité de la tragédie, devraient mobiliser toutes les forces et volontés pour se pencher sur ce phénomène et les facteurs de son évolution ».
Saluant, dans ce sens, les énormes efforts déployés par les forces maritimes, les gardes côtes et l’ensemble des corps de sécurité pour « la protection et le sauvetage des jeunes » ainsi que tout le travail fourni pour lutter contre ceux qui sont derrière « les voyages de la mort, le ministre a appelé ces mêmes services à « davantage de sacrifice pour mettre en échec les plans des criminels dont la seule quête est l’argent au détriment de la vie des jeunes fourvoyés ».
Le membre du gouvernement révèle plus loin que la justice a ouvert en 2018 près de 200 affaires relatives à l’émigration clandestine donnant lieu à la comparution de 344 individus et à 24 condamnation à des peines d’emprisonnements fermes pour plusieurs années ».
« Les investigations des services compétents montrent que parmi les facteurs de la montée de ce phénomène, l’existence d’individus qui organisent minutieusement ces voyages en effaçant toutes traces de leurs actes criminels », a-t-il précisé ajoutant qu’il s’agit d’individus « qui ont vendu leur conscience pour le profit au point ou la vie de ces jeunes ne compte plus pour eux ».
Le ministre a évoqué, en outre, la découverte de « choses honteuses et révélatrices du caractère abject de ces trafiquants et à quel point ils sont dénués de toute notion d’humanisme » en poussant vers la mort des jeunes innocents et inconscients du danger à bord d’embarcations hasardeuses et un matériel non conformes aux normes de sécurité.
Ines Amroude