La mise en détention provisoire de Louisa Hanoune, jeudi dernier, par le procureur du tribunal militaire de Blida pour ‘‘atteinte à l’autorité de l’armée’’ et ‘‘complot contre l’autorité de l’État’’ avec le trio Said Bouteflika, Toufik et Tartag n’a pas laissé la classe politique indifférente, du moins une partie.
La Secrétaire générale du Parti des Travailleurs a reçu, en effet, beaucoup de soutien émanant des partis politiques mais aussi des organisations de la société civile et des personnalités nationales. A commencer par le FFS dont les positions sur les questions d’actualité ont toujours été proches de celles du PT.
Dénonçant vigoureusement et condamnant énergiquement ce qu’il qualifie de «nouveau forcing» du pouvoir réel algérien », le Front des Forces Socialistes estime que «rien» ne peut justifier cet acte «arbitraire» et «abusif» et considère que cette arrestation a pour but de faire aboutir «l’agenda politique» des décideurs du moment en tentant, selon lui, de «laminer toute voix discordante et de torpiller la révolution populaire ». «Le FFS demeure solidaire avec le parti des travailleurs et exige la libération immédiate de sa Secrétaire générale », soutient le plus vieux parti d’opposition en Algérie, qui s’interroge si cette affaire de conspiration contre l’armée n’est en faut qu’un «bon alibi pour faire taire toutes les voix discordantes contre la feuille de route politique ».
Même son de cloche chez le RCD qui n’hésite pas, par la voix de son président, de parler de « caractéristiques d’un coup d’Etat militaire qui apparaît, selon lui, jour après jour par le contrôle militaire de la décision politique et l’exercice de la justice par des ordres ». «J’ai toujours dis qu’au lieu de la période de transition, ils nous ont imposés une période trompeuse, avec une justice spectaculaire, sélective, de représailles», a en effet commenté Mohcine Belabbas sur sa page facebook.
De son coté, Sofiane Djilali, président de Jil Jadid, affirme que l’arrestation de la SG du PT pose «clairement» la question des libertés politiques et interroge sur les «véritables intentions du nouveau pouvoir ». «Faisant suite à une série d’arrestations d’anciens responsables du pays et d’hommes d’affaires, ce dernier acte fait peser de lourdes présomptions sur l’orientation que prend le cours des événements », notera-t-il en estimant que « l’implication de la justice militaire suppose des actes gravissimes des prévenus, tous civils ou retraités de l’armée ». Coté société civile, des organisations telles la LADDH, la ligue algérienne de défense des droits de l’homme, et RAJ condamnent la mise en détention provisoire de Louisa Hanoune. La première considère que la situation prend « dangereusement une autre tournur » et la seconde voit en cette mesure « un acte de défiance et révélateur de la volonté du pouvoir réel de faire passer de force son agenda consistant à maintenir le système en organisant les élections du 04 juillet malgré son rejet par le peuple algérien ».
Liès Bourouis