Cette année l’accent
est mis sur la protection des jeunes contre le tabagisme. «Protéger les jeunes
contre les manipulations de l’industrie et les empêcher de consommer du tabac
et de la nicotine» est le thème choisi
par l’Organisation Mondiale de la Santé pour célébrer la journée mondiale sans
tabac qui coïncide avec le 31 mai de chaque année. Selon les données de 2015,
17 % des jeunes de 15 à 24 ans fument dans le monde. En Algérie, la dernière
enquête représentative effectuée en 2013 a révélé que 9% des jeunes âgés entre
13 et 15 ans consomment su tabac. Le taux des consommateurs de tabac enregistré
parmi la population âgée entre 18 et 64 ans est de 16 % selon les résultats de
l’enquête représentative menée en 2017. Presque le tiers (31%) de la population
en question de sexe masculin consomme du tabac alors que 0,5% des femmes en
consomment. Un pourcentage en deçà de la réalité, selon les spécialistes. Des
chiffres alarmants, qui ne reflètent pas la réalité mais qui risquent surtout d’augmenter au vu des prix bas et de la
prolifération des cigarettes de la contrebande qui alimente le marché informel.
La contrefaçon de tabac occupe la troisième place des produits contrefaits en
Algérie. «Le marché illicite du tabac est considéré comme un marché très important
et le tabac provenant du marhé illicite est fortement consommé», a déploré M
Mustapha Zebdi, président de
l’Organisation Algérienne de Protection et d’Orientation du Consommateur et son
Environnement (APOCE), dans une
déclaration à la presse au mois de mars dernier. Sur la composition des
cigarettes issues de la contrebande et de la contrefaçon, M. Zebdi considère
que «tout produit dont la traçabilité est impossible, est considéré comme un
produit suspect». Des produits qui constituent un «un grand risque sur la santé
des consommateurs qui ignorent, généralement, les risque qu’ils encourent en
consommant ces produits». En effet ni leur origine ni leur contenu sont connus
puisqu’ils échapent à tout contrôle. Actuellement
nous constatons sur le marché des cigarettes sans marques dont on ne connait pas la provenance.
«L’’étiquettage est incomplet, illégal et non conforme à la réglementation
nationale », dénonce l’APOCE qui salue le travail des services de sécurité pour
venir à bout de ce fléau. Les quantités saisies depuis le début de l’année sont
énormes. La dernière opération opérée par les services de Gendarmerie nationale
a aboutit à la saisie de 245 quintaux de tabac dans la wilaya de Skikda. Du 21
avril au 27 mai 25 815 paquets de cigarette et 1500 KG de feuilles de tabacs
ont été saisies par les éléments de l’ANP.
Plus de 9 milliards de dinars de perte pour le trésor public
Le trésor public a enregistré en 2019 un déficit de 2400 milliards de dinars. La tendance haussière de ce déficitt s’accentue depuis quelques années. Le déficit était de 1 886,31 milliards de dinars en 2018 et de 1 590,23 milliards de dinars en 2017. Trois causes ont été identifiées par le ministère du commerce. L’évasion fiscale et l’augmentation des taux viennent en seconde position par rapport à l’économie informelle. Le marché informel qui est qualifié de «très large et non inclue dans l’assiette servant de base au calcul des impôts taxes», reste la première cause. Par rapport à ce grand mal, sa part dans l’économie nationale reste «trop imprécise» et se situe entre 30% et 45% du PIB. En d’autres termes, un manque à gagner au budget de l’Etat estimé entre 4 000 et 6 000 milliards de dinars.
Le marché illicite du tabac est estimé à plus de 9 milliard de dinars par an. Ce qui représente plus de 10% du marché global national du tabac. Un pourcentage qui est susceptible d’augmenter grâce notamment à de nouveaux produits introduits et surtout pas chers. La montée en puissance des marques illicites de cigarettes interpelle.
En l’absence de statistiques fiables, on peut facilement constater sur le terrain que le taux de prévalence des cigarettes de contrebande va augmenter de façon significative. En cause, l’augmentation de la Taxe sur le tabac décidée dans la loi de finance 2020 et qui a renchérit le prix des produits formels. La taxe additionnelle sur les produits tabagiques (cigarette, tabac à chiquer, etc.), mis à la consommation en Algérie est passé à 17 DA. En 2012, elle était à 11 DA par paquet, bourse ou boîte, soit une hausse de 6 DA par paquet.
Dans les bureaux de tabac, 50 % des cigarettes proposés proviennent du marché illicite. La plupart des vendeurs ne connaissent même pas l’origine de leur provenance. A l’exemple des cigarettes slims qui sont présentes en force sur les étales des buralistes. Des slim à la mode mais qui ne coute pas chers surtout. Quand on sait que le paquet ne coute que 120 DA. C’est le cas pour les BUSINESS ROYAL, MOND , EDGE & RAISON et BON. La dernière marque serait de fabrication israélienne. Ces quatre marques ont totalisé à elle seules 6,5 % des parts de marché en 2019. Une situation qui suscite beaucoup de questions sur la facilité avec laquelle sont vendues les cigarettes provenant de la contrebande. La vente est visible sur les étalages, au su et au vu des services de contrôle.