Encore une fois, les algériennes et les algériens démontrent à la face de toutes et de tous ceux qui comptaient sur l’essoufflement du mouvement populaire, enclenché il y a aujourd’hui cinq mois, que ce n’est pas demain qu’ils vont renoncer à leurs aspirations, du reste légitimes.
Chargée de symboles, la date du 5 juillet qui coïncide avec le 57ème anniversaire du recouvrement de l’indépendance de l’Algérie a été de ce fait mise à profit par des millions de manifestants pour rappeler aux tenants du pouvoir qu’ils ne sont pas prêts de céder. Car comme c’était prévisible, les citoyens ont répondu massivement aux appels lancés sur les réseaux sociaux ainsi que par des personnalités politiques pour investir la rue pour le 20ème vendredi consécutif depuis le 22 février dernier. Pacifiques, unis et déterminés comme jamais, les manifestants viennent rappeler qu’ils sont depuis tout ce temps là à la recherche d’une seconde indépendance car pour eux, l’indépendance de 1962 leur a été confisquée par une autre bande !
A Alger, et dés la fin de la prière de vendredi, les principales artères du centre-ville se sont, rapidement, avérées trop exigües pour contenir la formidable marée humaine qui s’est déferlée jusqu’aux ruelles adjacentes des principaux boulevards. De la place du 1er mai à la Grande Poste, jusqu’à la rue Didouche Mourad en passant par la rue Hassiba Ben Bouali, le boulevard Amirouche, les algériens ont chanté la liberté et l’indépendance à travers des chants patriotiques qu’ils ont appris à les connaitre dés leur jeune âge et fait entendre à Bensalah, Bedoui, tous les apparatchiks du pouvoir des vertes et des pas mûres.
Sous un soleil de plomb, ils n’ont pas hésité à battre le pavé, malgré l’important dispositif de sécurité mis en place comme chaque vendredi. Les volontaires du CRA et les agents de la protection civile ont cette fois-ci du pain sur la planche tants l’on a constaté beaucoup d’interventions pour venir en aide aux personnes, notamment les vieux. Répondant au chef d’Etat par intérim, les manifestants rejettent en bloc son offre de dialogue et l’initiative de la création d’une instance pour organiser les élections. ‘‘Bensalah dégage’’, ‘‘Pas d’élections avec la bande et les imposteurs’’, “Yetnahaw Ga3” (Ils partent tous) ou encore ‘‘Pour un Etat civil et démocratique’’, ‘‘Ma Kanche Jihawiya, Khawa Khawa’’ (pas de régionalisme, nous tous frères), ‘‘C’est dans notre union que réside et résidera notre force’’ et ‘‘Il n’y a qu’une seule minorité, c’est la issaâba’’ ont de ce fait longuement fusé ce vendredi entre deux gorgées d’eau tellement la chaleur était accablante.
En tous les cas, les citoyens ont réitéré leur intention de ne reculer devant rien, du moins jusqu’à la concrétisation totale de leurs revendications, à savoir le départ de tous les symboles du régime de Bouteflika, incarnés par le chef d’Etat par intérim, Bensalah, et son Premier ministre, Bedoui. De même qu’ils ont réclamé pour la énième fois une vraie transition démocratique traduite par la désignation d’une instance collégiale dont les membres désignés doivent être crédible, honnêtes, intègres et n’ayant aucun antécédent avec ‘’Îssaba’’ (la bande).
Liès Bourouis