Mme Louisa Driss Ait Hamadouche a affirmé, ce mercredi 17 avril, sur les ondes de la Chaine 3 de la radio nationale où elle était l’invité de la rédaction, qu’il devient plus que nécessaire de «Renouveler le personnel politique au pouvoir. Dans un langage simple et explicite, Mme Ait Hamadouche explique que «l’amorce d’une véritable transition est beaucoup plus compliquée que de remplacer une personne par une autre », surtout lorsque cette personne faisait déjà partie d’une structure qui est contestée et contestable. « Le but est de parvenir à un véritable changement de système politique », précise-t-elle.
Pour réussir un véritable changement, la politologue, estime qu’il faut éviter les solutions rapides, puisque, selon elle, c’est le plus court chemin d’aller à la case départ. « C’est comme si on demande à quelqu’un de très malade de guérir très vite » dit-elle, en précisant qu’ « on ne peut pas rester dans une situation de crise très longtemps, mais il faut prendre le temps afin d’opter pour les bonnes solutions ».
Répondant à une question sur l’absence, jusqu’à présent, d’un représentant officiel du mouvement populaire, l’invité de la rédaction explique, ce qui est pour elle une évidence. «Il y’a des personnes parfaitement capables de représenter le mouvement aujourd’hui (…) Toutefois le peuple est en situation de phobie par rapport à tout ce qui porte le nom de leader», affirme-t-elle. Les raisons sont multiples. La plus importante est que la population ne fait plus confiance à personne, en s’estimant avoir été menée en bateau à plusieurs reprises depuis 1962, face à des simulations de changement qui dans le fond ne l’ont jamais été.
Revenant sur la situation politique depuis la démission du président de la République, la politologue estime que « nous ne sommes pas en période de transition » mais plutôt « dans une logique constitutionnelle » qui consiste à remplacer un président qui a été contesté par la rue par un président qui sera inéluctablement contesté. «On ne peut pas remplacer un responsable apparent par un responsable qui est tout aussi responsable mais moins apparent (..) le véritable changement c’est celui des pratiques et aussi d’amorcer une véritable transition. Citant comme exemple la tenue d’élections présidentielles le 4 juillet prochain, l’oratrice estime qu’il faut «éviter des solutions de replâtrage». «Ces élections font partie des solutions que l’on veut ultra-rapides et qui nous mèneraient, peut être à une situation beaucoup plus compliqué qu’avant le la démission du Président (…) C’est un gros risque de penser pouvoir régler une crise politique de cette ampleur en organisant des élections présidentielles dans les tenants et aboutissants ne pourront que nous ramener à une situation d’avant le 22 février», relève-t-elle.
Aller en dehors de la constitution ne signifie «en aucun cas une période d’instabilité ou de chaos que l’on ne veut bien faire croire à la population». Il est question de traiter la crise dans ses profondeurs. Pour commencer, il faut absolument, dira-t-elle, aller vers « un gouvernement réellement technocratique qui soit accepter par la population et qui soit totalement neutre politiquement » et ensuite, ajoute-elle, créer une instance qui soit réellement indépendante pour organiser en amont et en aval des élections présidentielles» .
Ines Amroude