Le début de cette semaine sera particulièrement marqué par la visite en Algérie du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane, attendu demain dimanche 2 décembre, à Alger, dans le cadre d’une tournée qui l’avait préalablement menée dans plusieurs autres pays arabes. Cette visite de deux jours, est précédée par l’arrivée, aujourd’hui, du ministre de l’intérieur saoudien. Cette tournée a, en effet, ceci de particulier d’être la première sortie de Ben Salmane depuis le scandale retentissant de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi à l’intérieur du consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul. L’Algérie s’est prononcée, la semaine passée, sur cet acte qui a défrayé la chronique internationale. Tout en condamnant l’assassinat du ressortissant saoudien en Turquie, l’Algérie s’est alignée sur le régime des Al-Saoud en affirmant qu’elle «exprime sa conviction que la justice saoudienne saura à faire la lumière dans cette affaire».
Les réactions internationales à cet assassinat ont poussé le prince héritier à aller chercher une légitimité internationale, particulièrement «arabe et islamique» pour contrecarrer une éventuelle contestation de son accès au trône en remplacement de son père vieillissant. Il a tout de même de grands atouts pour cela, particulièrement son jeune âge, puisqu’il n’a que 33 ans, et aussi la multitude de réformes qu’il veut entreprendre dans son pays visant à améliorer le vécu des Saoudiens.
D’ailleurs , cette tournée arabe intervient «sur instruction du roi saoudien Salmane Ben Abdelaziz, afin de renforcer les relations du Royaume aux niveaux régional et international, et en réponse à des invitations reçues de la part de chefs d’État », rapporte un communiqué officiel relayé par la presse saoudienne.
L’Algérie qui, de tout temps, s’est démarquée par sa gestion parfaite des affaires diplomatiques a vu en cette visite, une occasion de remettre sur rail des relations bilatérales historiquement chaleureuse mais quelques fois tumultueuses.
Il faut dire que sur le plan politique, les deux capitales ont réussi à surmonter des rivalités nées notamment des refus systématiques de l’Algérie de s’engager dans la «force arabe» intervenant au Yémen. L’Algérie s’est, rappelant-le, constamment refusée d’intervenir dans des affaires internes des autres pays. En dépit de tout cela, l’Algérie n’a jamais oublié le soutien de l’Arabie saoudite durant la guerre de libération. Ce pays était, rappelons-le, l’un des premiers à soutenir la cause juste des Algériens dans leur lutte de libération contre l’armée française à travers un soutien multiforme et généreux qu’avait apporté le royaume d’Arabie saoudite à la Révolution du 1er novembre 1954.
La visite de Mohammed Ben Salmen à Alger permettra, sans doute, d’ouvrir de nouveaux horizons à la coopération entre les deux pays. Elle devra, selon les observateurs de la scène économique, assurer une «intensification des relations économiques entre l’Algérie et l’Arabie Saoudite, de donner un nouvel élan aux échanges commerciaux, aux investissements et de les hisser au niveau des attentes des deux pays» . Jusque-là le volume des échanges commerciaux, entre l’Algérie et l’Arabie saoudite demeurent très faibles. Le prochain défi sera d’augmenter le volume des échanges, celui des investissements et aussi d’améliorer le climat des affaires. Ceci est d’autant plus d’actualité que la visite de MBS intervient au moment où les cours du pétrole dégringolent à une vitesse vertigineuse. Les têtes à têtes entre les responsables des deux pays faciliteront davantage la communication. L’Arabie saoudite, est le plus grand producteur de pétrole de l’OPEP, mais aussi au monde, et joue un rôle crucial dans la fixation des prix du baril, dont dépend exclusivement l’économie algérienne. Nombreuses donc sont les raisons pour lesquelles, qu’au-delà de toute considération, cette visite pourrait être bénéfique à plus d’un titre pour notre pays.
Ines Amroude