Les appels à la paix et à une coopération exceptionnelle se
sont multipliés face à la pandémie mondiale du coronavirus (Covid-19) qui
malgré le confinement de plus de 1,7 milliard de personnes sur terre continue à
se propager.
L’ONU craint de voir le Covid-19 accentuer les différends conflits dans le
monde, en l’absence d’attention diplomatique à cause des actions concentrées
actuellement sur les mesures de prévention à même de stopper l’épidémie, qui
constitue désormais un danger pour l’humanité entière.
A New York, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé à un
« cessez-le-feu mondial et immédiat ». L’heure, a-t-il dit, « est
venue de laisser les conflits armés derrière nous pour concentrer nos efforts
sur le véritable combat de nos vies ».
« Posez les armes, faites taire les canons, mettez fin aux frappes
aériennes », a-t-il lancé. « La Furie avec laquelle s’abat le virus
montre bien que se faire la guerre est une folie », a-t-il assuré, appelant
à la création de « couloirs d’aide humanitaire qui sauveront des
vies ».
Le secrétaire général, qui a qualifié le virus corona d »‘ennemi
commun », a également appelé à abandonner les sanctions imposées aux pays
pour garantir l’accès à l’aide médicale pour tout le monde.
De son côté, la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité onusien, a
appelé mercredi à suspendre les guerres et les sanctions pour éviter une
« catastrophe humanitaire » face au Coronavirus (Covid-19), qui malgré
le confinement de plus de 1,7 milliard de personnes sur terre continue à se
propager.
« En premier lieu, notre appel est adressé aux pays qui utilisent leurs
forces militaires de manière illégale en dehors de leurs frontières
nationales », a souligné la diplomatie russe. Et d’ajouter: « Dans les
circonstances actuelles, la politique de la mise en place des mesures
coercitives, dont les restrictions économiques qui entravent sérieusement les
efforts appliqués par les autorités pour la protection de santé de sa population,
ne peut pas être justifiée ».
Préoccupée par la situation sur les territoires contrôlés par des groupes
terroristes, la Russie se dit en outre convaincue que la lutte antiterroriste
doit continuer. Aussi, les situations préoccupantes en Afghanistan, en Irak, au
Yémen, en Lybie, en Syrie et dans les territoires palestiniens occupés ont été
mises en lumière, ajoute Moscou, notant que « les pays d’Afrique impliqués
dans des conflits armés sont exposés au risque lié à une éventuelle
dégénération de la situation épidémiologique ».
Avec les grandes puissances mondiales mobilisées pour limiter la contagion du
coronavirus, les conflits peuvent s’intensifier, craignent les experts et
l’ONU. « Jeter leurs troupes dans la bataille exposera Etats et groupes
violents non-étatiques à la contamination et donc à des pertes humaines
potentiellement catastrophiques », préviennent-ils.
Syrie, Libye, Yémen, Afghanistan, Sahel… Avec des grandes puissances
focalisées sur le Covid-19, les conflits dans le monde vont-il se réduire ou
s’intensifier? Selon des experts et diplomates de l’ONU, le risque est grand de
voir la deuxième hypothèse prévaloir.
Evoquant le possible « impact dévastateur du Covid-19 à Idleb et ailleurs
en Syrie », la secrétaire générale adjointe de l’ONU pour les Affaires
politiques, Rosemary DiCarlo, vient de lancer un appel à la responsabilité.
« Si quelqu’un (…) avait encore besoin d’une raison pour arrêter les
combats, c’est bien cela », a-t-elle dit dans un tweet.
« Alors que le monde combat la pandémie, les parties doivent sortir de leur focalisation sur l’affrontement contre l’autre pour s’assurer que la population n’affrontera pas de risques encore plus grands », a aussi réclamé dans un communiqué l’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Martin Griffiths.
Jusqu’à présent, ces pays ne sont pas touchés par le Covid-19 à l’échelle connue en Chine ou Europe. Une propagation dans ces pays en conflit, souvent très pauvres, pourrait avoir des conséquences ravageuses, les Nations unies craignant des « millions » de morts sans solidarité.
« Jeter leurs troupes dans la bataille exposera Etats et groupes violents non-étatiques à la contamination et donc à des pertes humaines potentiellement catastrophiques », estime Robert Malley, président du centre de réflexion International Crisis Group, basé à Washington.