Le Trésor a besoin de plus de 4 000 milliards de dinars, soit au taux actuel du dinar face au dollar, plus de 33,3 milliards de dollars afin de financer les déficits budgétaires des exercices de 2019, de 2020 et de 2021, selon les données fournis par la loi de finances 2019.
C’est l’une des exigences de la nouvelle loi n°18-15 du 2 septembre 2018 relative aux lois de finances, notamment son article 5, qui impose un cadrage budgétaire à moyen terme
Le cadre détermine, pour l’année à venir, ainsi que les deux années suivantes, les prévisions de recettes, de dépenses et du solde du budget de l’Etat, ainsi que, le cas échéant, l’endettement de l’Etat.
La loi de finances pour 2019 a donc prévu, à l’article 53 ce cadrage pour 2020 et 2021.
Pour l’exercice 2019, le gouvernement prévoit 6 507,9 de dinars de recettes et 8 557,1 milliards de dinars de dépenses, soit donc un déficit de 2 049,2 milliards de dinars.
Pour 2020, le gouvernement prévoit une recette en hausse (+3,66 %) de l’ordre de 6 746,2 milliards de dinars et des dépenses en forte baisse (-8,8 %) de 7 804 milliards de dinars, et un déficit pratiquement divisé par deux, à 1 057,7 milliards de dinars (-48,38 %).
Pour 2021, le gouvernement table sur une croissance de 3,76 % des recettes par rapport à 2020 pour atteindre près de 7 000 milliards de dinars. Quant aux dépenses, le gouvernement prévoit une hausse de 1,1 % et 7 893 milliards de dinars, soit un déficit de 893 milliards de dinars (-15,57 %).
La fiscalité pétrolière étant la principale couverture budgétaire, sans évolution des prix des hydrocarbures ou sans une forte réduction des transferts sociaux ou sans une substantielle hausse de la fiscalité ordinaire, l’unique moyen qui reste pour financer les déficits de 2019 à 2021 est le financement non-conventionnel (planche à billets).
En effet l’article 45 bis de la loi n°17-10 autorise le Trésor à s’endetter, sans limite de plafond, auprès de la Banque d’Algérie, pour une durée de 5 ans, jusqu’en octobre 2022.
Selon la situation de la Banque d’Algérie arrêtée à fin octobre 2018, le compte débiteur du Trésor avait atteint les 4 005 milliards de dinars.
Avec les 4 000 milliards de dinars des déficits de 2019 à 2021, la dette interne du Trésor, sans préjuger d’autres besoins non encore dévoilés, va doubler pour atteindre les 8 005 milliards de dinars, soit au taux actuel du dollar le montant record de 67,27 milliards de dollars.
Lors de la présentation du plan d’action du gouvernement, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia s’était engagé pour que le financement non-conventionnel «sera accompagné de réformes économiques et financières pour rétablir l’équilibre des finances publiques ainsi que l’équilibre de la balance des paiements.»
Seize mois après son retour à la primature, le 16 aout 2017, le Premier ministre n’a encore proposé aucun projet de réforme économique à même de rétablir l’équilibre budgétaire.
En 2017, M. Ouyahia affirmait, lors de la présentation du plan d’action de son gouvernement que la dette publique du Trésor ne dépasse pas les 20 % du PIB.
Fin 2021, la dette publique du Trésor, si elle est contenue dans les prévisions actuelles de 8 005 milliards de dinars représenterait alors 42 % du PIB.
Larbi Ghazala