L’ancien homme fort du système algérien, Ahmed Ouyahia, passe aujourd’hui sa deuxième nuit derrière les barreaux. L’ancien Premier ministre, également très proche du président déchu Abdelaziz Bouteflika, a été placé en détention provisoire dans la prison d’El Harrach à l’issue de son audition par un juge d’instruction de la Cours suprême. Honni par les Algériens, Ouyahia a de tout temps été surnommé l’«homme des sales besognes».
Dans ce micro-trottoir, “Fil d’Algérie” a posé à des citoyens algériens la question suivante : «Pourquoi Ouyahia est-il aussi détesté ?». Les réponses sont sans équivoque.
C.C., consultant, expert en gestion d’entreprise
«Ouyahia, c’est une longue liste de catastrophes et de mépris. Ça commence avec sa première apparition publique en 1995, en tant que directeur de cabinet, annonçant l’échec du dialogue avec le FIS. Il opère ensuite les fameuses ponctions sur les salaires des fonctionnaires et employés du secteur public. Nous lui devons également l’incarcération de cadres du secteur public, dont certains en sont morts, sans parler de la destruction d’entreprises publiques. Pour chlore, il ne faut pas oublier son arrogance et son mépris».
Rayan K., médecin généraliste:
«Ouyahia n’est pas aimé par les Algériens car il est arrogant et imbu de sa personne. Il nous a toujours regardés de haut. Il a toujours méprisé le peuple. Il l’a pendant longtemps sous-estimé sans que celui-ci ne réagisse. Intelligent qu’il se croyait, il pensait mater le peuple à vie. Au fond, nous avons toujours su qu’il n’est pas débile et qu’il avait d’autres visées à travers ses agissements».
Nadia Nait, cadre dans une entreprise privée :
«Ce n’est pas étonnant que Ouyahia soit l’homme le plus impopulaire d’Algérie, le plus détesté. II est l’auteur de toutes les décisions impopulaires et antisociales. En outre, il est arrogant, hautain, et ça, les Algériens détestent et ne pardonnent jamais cette attitude. Cet homme incarne celui qui est issu du peuple et qu’il a renié»
Taous N, ingénieur en informatique:
«Ouyahia est détesté car il a toujours sous-estimé la capacité et la volonté des Algériens en général et des jeunes en particulier. II n’a jamais cru en eux. Il n’a jamais cru en les capacités du peuple. Il est imbu de sa personne. Il se croit plus intelligent que tous alors qu’il y a bien mieux que lui qui n’ont jamais pu émerger. Il a toujours voulu utilisé un niveau élevé dans son discours pour intimider et stigmatiser son auditoire. En fin de compte, il avait tout faux.»
K.S., expert en communication :
«Plusieurs raisons font de lui le politicien le plus détesté en Algérie mais principalement ce qui suit. Il est l’homme des sales besognes, des déclarations fracassantes. C’est l’homme du système par excellence. Personnellement, je n’ai jamais pu supporter son arrogance lors de ses apparitions et discours. Il n’a rien apporté aux Algériens lors de tous ses mandats en tant que Premier ministre. N’oubliez pas sa fameuse déclaration du mois de février lorsqu’il prétendait que les Algériens sont très content que Bouteflika soit candidat à la présidentielle. C’était vraiment un affront au peuple.»
Fayçal S., directeur de marketing dans une entreprise publique:
«Ouyahia est la personnification de l’ennemi de peuple. Synonyme de la liquidation des entreprises publiques. C’est une personne qui déteste le peuple et qui est contre le zawli. C’est un symbole de l’État et du système. C’est un pur produit de Bouteflika. Il a tout fait dans sa carrière, sauf servir son peuple et son pays.»
Kamel Yamine, journaliste freelance :
«Ouyahia est détesté entre autres pour ses décisions économiques impopulaires et surtout ses déclarations contre le peuple tel que “Djewaa kelbek, yetbaak !» (Affame ton chien, il te suivra, NDLR) ou encore «Il n’est pas nécessaire que le peuple mange du yaourt”. Il y a aussi son implication dans la protection de l’oligarchie, l’austérité imposée au peuple.»
A.Z., architecte
«Les déclarations de Ouyahia sur le fait que les Algériens n’ont pas à manger du yaourt lui ont été fatales. Ça a été la déclaration de trop ! Pour les Algériens, chaque fois qu’il a été chef du gouvernement, il a été condescendant. Il les a traités de fainéants et de bras cassés. Ceci sans oublier ses dernières déclarations sur le Hirak en disant que le peuple va précipiter le pays dans le chaos comme pour la Syrie.»
Propos recueillis par S.H.