Pour son premier vendredi en Ramadan, le mouvement populaire était soumis à une importante épreuve. Un véritable test. Et le moins que l’on puisse dire est que l’épreuve a été finalement passée avec succès si on fie aux centaines de milliers de personnes qui ont battu le pavé dans la majorité des wilayas d’Algérie, malgré la forte chaleur et l’effet du jeûne.
Des familles, des femmes, des jeunes, des personnes âgées ont scandé, dans la bonne ambiance, des slogans appelant à concrétiser définitivement le changement à travers le départ des derniers symboles du régime de Bouteflika, dont Bedoui et Bensalah, respectivement Premier ministre et chef d’Etat par intérim. Le chef d’Etat-Major de l’ANP a été quant à lui critiqué pour son «entêtement» à poursuivre cette période transitionnelle avec les mêmes têtes qui ont servi sous l’ère de Bouteflika. «Pour un Etat civil et non pour un régime militaire », «Non aux élections du 4 juillet» ou encore « Djoumhouria machi caserna » (République pas une caserne) ont été longtemps entendus lors de ces manifestations. Ainsi, la mobilisation n’a assurément pas faibli et elle est restée donc intacte, contrairement à ce que prédisaient plusieurs observateurs qui voyaient en ce mois sacré comme un frein pour la poursuite du ‘’Hirak’’. Les marches populaires se sont donc poursuivies pour le 12ème vendredi consécutif.
A Alger, et après les premiers rassemblements observés dans la matinée, du coté de l’esplanade de la Grande-poste, des marées humaines ont commencé à se déferler, comme d’habitude désormais, après la prière du vendredi. Peu à peu, la rue Didouche Mourad et la placette Audin, jusqu’à la Grande-poste sont devenues noires du monde. Idem au niveau du boulevard Amirouche et la place du 1er Mai. Il faut rappeler que le ton a été déjà donné par les étudiants qui ont maintenu leur manif’ de mardi qui a coïncidé avec le 2er jour de Ramadhan, encourageant sans doute les citoyens à investir la rue, ce vendredi. Le débat était d’ailleurs intense les derniers jours qui ont précédé le début du mois sacré sur la forme que doit prendre le ‘’Hirak’’ durant cette période de jeûne. Certains ont opté pour des manifestations nocturnes sous prétexte d’avoir plus de forces quand d’autres (la majorité) ont préféré continuer sur la lancée des marches en diurne pour éviter tout risque de dérapage.
A signaler que ce 12ème vendredi intervient dans un contexte un peu particulier suite à l’incarcération de Said Bouteflika, le frère de l’ancien président, et des ex-chef de DRS, les généraux-majors Toufik et Tartag, sans oublier la détention provisoire dont a fait objet, ce jeudi, le chef du PT, Louisa Hanoune. Ils sont tous poursuivis pour « atteinte à l’autorité de l’Armée » et « complot contre l’autorité de l’Etat ».
Liès Bourouis