Deux mois après la convocation du corps électoral, l’élection présidentielle du 4 juillet prochain ne suscite pas engouement et enthousiasme au sein d’une classe politique désemparée. A quelques jours de l’expiration du délai réglementaire pour la clôture des candidatures, aucun «poids lourd» n’a retiré les formulaires pour y postuler. En dehors des intentions exprimées par Abdelaziz Belaid et l’engagement de Belkacem Sahli, les personnalités charismatiques et emblématiques boudent une échéance voulue par le pouvoir comme solution constitutionnelle et rejetée par la rue qui gronde chaque vendredi. Le peuple refuse la tenue de la présidentielle dans des conditions actuelles mais surtout conteste le fait qu’elle soit organisée par un gouvernement dont la légitimité est discutable. Le cabinet de Bedoui est rejeté et son départ est une revendication phare de la rue. Cet état de fait constitue un handicap important pour les tenants du pouvoir qui tiennent à la présidentielle de juillet prochain. Le temps passe et les délais réglementaires se rétrécissent hypothéquant le scrutin.
L’option électorale ne fait pas le consensus sur la scène politique nationale. Les potentiels candidats refusent de sortir la tête face aux citoyens, principal acteur d’un scrutin, qui dénonce et rejette une option pourtant prévue constitutionnellement dans l’article 102. Les personnalités et chefs de partis sui croient encore en cette échéance comme solution de sortie de crise hésitent encore à s’engager pour des raisons pratiques: comment recueillir et récolter les parrainages nécessaires pour se présenter? Comment faire la campagne électorale si le peuple refuse d’adhérer?
Ce sont les deux écueils majeurs qui se posent avec acuité. Le dialogue censé dégager un consensus, n’a pas eu les effets escomptés dans son premier round. Les secondes manches du dialogue que compte engager la présidence ne sont pas encore cernées. La classe politique attend des initiatives fortes tandis que le pouvoir table sur des discussions qui doivent déboucher sur la mise en place d’une structure chargée de la surveillance et contrôle des élections, une urgence constitutionnelle après la dissolution de l’instance dirigée par Abdelouahab Derbal. En attendant la décantation, tout est possible y compris le scénario du report de la présidentielle si les choses n’évoluent pas d’ici la semaine prochaine. Les regards resteront braqués sur ce que dira la rue ce vendredi et sa réaction par rapport au dernier discours prononcé par le chef de l’état dimanche passé.
M. Ait Mohand