C’était dans l’air il y a déjà quelques semaines. C’est désormais chose faite. Bouteflika briguera bel et bien un 5ème mandat à la tête de la plus haute magistrature de l’Etat. L’annonce officielle de sa candidature s’est faite aujourd’hui, hier 10 février, par le biais d’un long message adressé à la nation, diffusé par l’APS.
Dans cette missive, le président de la République explique les raisons qui l’ont poussé à se porter candidat et promet des changements significatifs si le peuple algérien lui donne sa confiance. Il motive sa décision par les « nombreuses » voix au sein de la classe politique et de la société civile qui l’ont sollicitées « encore une fois » pour poursuivre « sa mission » au « service » de la patrie devant, a-t-il précisé, les « avancées » réalisées par l’Algérie sous sa gouverne mais aussi les enjeux, les défis et les difficultés qui la « guettent », exprimant au passage sa « profonde reconnaissance » aux auteurs de ces appels.
Dans son message, le chef de l’Etat n’élude cependant pas la question de sa maladie et reconnait en termes à peines voilées qu’il est très affaibli. « Bien sûr, je n’ai plus les mêmes forces physiques qu’avant, chose que je n’ai jamais occultée à notre peuple, mais la volonté inébranlable de servir la Patrie ne m’a jamais quitté et elle me permet de transcender les contraintes liées aux ennuis de santé auxquels chacun peut être un jour confronté. Cette volonté et mon engagement au service de la Patrie se nourrissent d’un attachement indéfectible au serment que j’ai fait aux glorieux chouhada et partager avec les vaillants moudjahidine, mes compagnons dans la lutte de libération nationale. C’est dans ce contexte, en réponse à toutes les sollicitations et dans un esprit de continuité dans l’accomplissement d’un devoir ultime que j’annonce aujourd’hui ma candidature à l’élection présidentielle du mois d’avril prochain ».
Clair, net et précis. C’est donc pour lui un énième sacrifice qu’il s’apprête à consentir à la nation et au peuple algérien malgré un état de santé dégradant, qui constitue aux yeux des opposants au 5ème mandat un sérieux handicap et un grand obstacle pour réaliser les objectifs qu’il s’est assigné lors du prochain quinquennat.
Il faut dire que les chantiers, ce n’est pas ce qui manque dans le programme du président de la République dévoilé dans son message. Déjà, une première nouvelle ô combien importante est annoncée. Bouteflika fait part en effet de son intention d’amender la Constitution, la 3ème fois depuis son avènement au pouvoir, en 1999, même s’il joue sur les mots en optant un terme moins clinquant, en l’occurrence « enrichissement » de la Constitution. S’il est vrai qu’il s’agit d’une proposition, il est à coups sûr que le moment venu, la question sera vitre tranchée. Mais auparavant, le président compte rassembler la classe politique algérienne autour d’une conférence nationale inclusive qui aurait pour objectif l’élaboration d’une plateforme politique, économique et sociale devant aboutir donc à la réforme de la loi fondamentale du pays.
Liès Bouroui