Le mouvement populaire, c’est un fait incontestable, a pris une ampleur inimaginable et des proportions incroyables que le pouvoir n’avait sans doute pas vu venir.
Depuis le 22 février dernier en effet, les marches contre le 5ème mandat d’abord puis contre le prolongement du 4ème décidé unilatéralement par le président de la République s’accentuent dans tout le territoire national. Toutes les catégories de la société sont désormais impliquées dans ce combat qui s’annonce long. Pacifiques, citoyennes et joyeuses. Autant de qualificatifs qui font de ces manifestations une marque déposée, reconnue et admirée par le monde entier y compris au sein des démocraties occidentales.
Le 5ème vendredi de la protesta’ n’a pas dérogé à la règle. A coups de vuvuzela et autres chants, les algériens ont certes marché manifesté mais beaucoup chanté et dansé. Trop au goût de certains. Car s’il est vrai que l’image véhiculée par le peuple algérien à travers ces marches est plus que positive, il n’en demeure pas moins que l’on ne doit pas occulter l’essentiel et se détourner de l’objectif principal pour lequel est sorti le peuple dans la rue, en l’occurrence le changement du système et du régime politiques, incarnés par Bouteflika.
Le peuple est plus que jamais en attente d’une réponse sérieuse de la part des tenants du pouvoir. Il n’a pas besoin de mesures de rafistolage, comme c’est le cas depuis le début de ce bras de fer à l’exemple de changements du gouvernement, feuille de route pilotée par le président de la République, rappel des hommes incarnant le pouvoir tels que Lamamra et Lakhdar Brahimi). Les citoyens estiment que le clan présidentiel continue de jouer la montre même si l’option de l’essoufflement de ce formidable mouvement de protestation n’est plus à l’ordre du jour, l’on s’interroge si ce statut-quo ne sert finalement pas le régime.
Dés lors, le peuple se demande, légitimement du reste, sur quoi sera fait demain. Car oui, c’est du futur qu’il faut s’interroger. De l’utilité de maintenir cette forme de pression sans résultats palpables. Doit-on continuer le défilé des marches et atteindre le 65ème vendredi sans qu’il ait de changement concret ? Les citoyens sont-ils contraints de hausser le ton et passer à d’autres actions plus musclées mais sans violence toutefois ? Là, on pense plus particulièrement à la désobéissance civile, accompagnée d’une grève générale devant toucher tous les secteurs, pour faire plier le pouvoir.
Ce qui est certain, c’est que les premiers signes de lassitude mais aussi d’incertitude commencent à apparaitre, du moins sur les réseaux sociaux.
Liès Bourouis