Chaude, chaude ! La rentrée sociale de cette année s’annonce bouillante si on se réfère au contexte particulier et exceptionnel que traverse notre pays depuis le 22 février dernier, date du début du ‘’Hirak’’ qui a provoqué par la suite la démission de Bouteflika, et marqué par une double crise, politique et économique.
A la contestation populaire qui devra connaitre un regain d’intérêt au retour des vacanciers, après un léger relâchement «aoûtien», les revendications socioprofessionnelles de plusieurs catégories de la société (éducation, impôts,…) et les menaces de débrayages ne vont sans doute pas contribuer à l’apaisement social et politique dont souhaite le pouvoir en place. N’ayant jamais séduit les citoyens, les différentes (et désespérées) tentatives de dialogue que mène l’instance de Karim Younès ne convainquent pas les algériens qui constatent l’âme en peine que ceux qu’on qualifie de poids lourd de la classe politique boudent toujours et n’ont pas discuté avec le panel, mis en place, pour rappel, en juillet dernier dans le but de parvenir à un consensus devant ouvrir la voie à l’organisation d’une élection présidentielle libre, transparente et démocratique. L’équipe de Karim Younès se contente malheureusement de rencontrer des chefs de partis dits microscopiques et autres représentants de la société civile qui sont loin d’être représentatifs.
Mais la dernière sortie du chef d’Etat-major de l’ANP, le général de Corps d’armée, Gaid Salah, a mis ce lundi un coup de pression sur l’instance de dialogue et de concertation en souhaitant la convocation du corps électoral le 15 septembre prochain. Une déclaration qui ne risque pas de calmer les ardeurs des manifestants qui sortent chaque mardi et vendredi dans la rue pour afficher justement leur refus de tenir des élections dans de telles conditions, soit avec les «résidus» du régime Bouteflika. Ils verront à coups sûrs une violation de ses prérogatives dans la mesure où seul le chef de l’Etat, est habilité à choisir la date de la convocation du corps électoral ou de la tenue des élections. Ainsi donc, il va sans dire que la pression sera sans doute maintenue et même accentuée à l’occasion de cette rentrée sociale qui s’annonce difficile lorsqu’on sait que le front social est brûlant. On pense à ce propos aux lendemains incertains qui menacent les milliers de travailleurs des entreprises privées dont les patrons sont incarcérés depuis de longues semaines dans le cadre de l’opération ‘’main propre’’ déclenchée après la démission de Bouteflika. Les conséquences ne se sont fait pas attendre puisque le gel des comptes bancaires de ces entreprises, décidé par la justice, a provoqué de gros dégâts. Les employés sont en effet privés de leurs salaires depuis trois mois et espèrent avec les dernières mesures prises par le gouvernement dont la décision de mettre en place un dispositif de sauvegarde de l’outil de production et des postes d’emploi de ces sociétés et surtout la désignation d’administrateurs à la tête de ces groupes vont mettre fin à leur cauchemar. Mais en attendant, les travailleurs des groupes de Haddad, Tahkout et autre Kouninef multiplient les mouvements de contestations et les sit-in qui s’ajoutent à d’autres actions qui sont menées par les populations depuis plusieurs jours déjà, un peu partout à travers le pays, pour protester contre la détérioration du cadre de vie et l’absence des commodités les plus élémentaires (eau, route,…).
Liès Bourouis