Depuis le 22 février dernier, le peuple s’est réveillé comme un seul homme, pour sortir en masse, chaque vendredi, dans les rues et à travers tout le pays, crier son ire contre ses gouvernants et pour leur dire que votre règne a vécu.
Depuis neuf vendredis, des milliers de citoyens, femmes, hommes et jeunes et des enfants ont envahi, les rues et artères de leurs villes, pour une grogne pacifique qui a surpris mais surtout émerveillé le monde.
Hier, c’était le 9e vendredi de la protestation pacifique qui coïncidera avec un certain 20 avril 1980 à l’origine du printemps Berbère ou Tafsut n Imazighen.
Pour de nombreux observateurs avertis, les manifestations en Kabylie déclenchées après l’interdiction de la conférence de Mouloud Mammeri sur la poésie thamazight ancienne, sont la première halte dans la route qui a mené à la colère du peuple aujourd’hui.
Pour beaucoup, le peuple notamment en Kabylie, s’est toujours révolté quand il le fallait pour revendiquer une justice sociale, la liberté d’expression et surtout de démocratie. Mais comme ces révoltes étaient circonscrites dans cette région, les tenants du pouvoir ont réussi à chaque fois à sortir vainqueur et à mater les manifestants en recourant à la violence et autres arrestations.
Cette revendication du 20 avril, a eu elle-même son début un certain 17 juin 1977 lorsque le gouvernement a été traité de tous les noms lors d’une finale de coupe d’Algérie de football au stade du 5 juillet d’Alger.
A l’époque l’information était contrôlée et le bouche à oreille avait ses limites ce dont ont profité les hommes au pouvoir, qui ont arrêté plusieurs personnes et utiliser une répression aveugle, pour donner au printemps Amazigh d’autres significations et d’autres sens pour tromper l’opinion nationale et internationale.
Dans un pays aux immenses ressources confisquées par les gouvernants qui ont toujours joué la comédie de la démocratie depuis l’indépendance, la tension n’a pas baissé en Kabylie. Car sa braise sous les cendres était toujours allumée.
D’ailleurs, cette braise a fini par être été ravivée pour s’embraser de nouveau en avril 2001 pour un autre printemps ; noir celui là. La mort du lycéen, Guermah Massinissa, après avoir reçu des balles… réelles dans les locaux de la brigade de gendarmerie à Beni Doula, déclencha un mouvement plus large. Sa mort est le prélude à une révolte qui embrasera la Kabylie pendant plusieurs jours. Il a connu son apogée le 14 juin avec la marche de plus de deux millions de personnes sur Alger pour remettre au Président de la République, une plate-forme de revendications dite ‘’plate-forme d’El Kseur’’.
Les revendications de ce document sont axées sur l’amélioration de la justice sociale et de la situation économique, redéfinition du cadre démocratique dans le pays ainsi que la reconnaissance de Tamazight langue officielle.
Ce printemps noir par les 126 jeunes tombés sous les balles des forces répressives du pouvoir, et plus de 5000 blessés ; a été étouffé, par ceux qui ont pu une nouvelle fois ‘’éteindre le feu’’. «Je jure devant Dieu que de l’endroit où j’étais, je ne sais pas jusqu’à présent qui a donné l’ordre de tirer», disait l’ex-président Bouteflika, à Tizi-Ouzou où il s’était déplacé pour les besoins de sa campagne électorale de 2004. Toutefois l’Etat qu’il dirigeait, n’a jamais rien fait pour élucider les dépassements ! Les crimes de 2001, comme ceux de 1980, restent impunis.
Non en réalité, les flammes de la révolte populaire n’ont jamais été éteintes, mais prenaient doucement comme un feu sous la paille qui fini par s’embrasser rapidement et emporter, ravager tout sur son passage…comme le revendique le peuple en ce printemps 2019.
C’est d’ailleurs, toute cette symbolique du 20 avril décrété journée chômée et payée par la volonté du peuple en Kabylie, que prend actuellement, la manifestation populaire.
Une colère généralisée au pays qui vit depuis le 22 février, chaque vendredi une manifestation, jamais vécu au monde.
Les jeunes qui ont plus de moyens d’information que les acteurs des printemps en Kabylie, ont réussi à faire partir le Bouteflika d’El Mouradia en attendant que tous les hommes de son système le suivent.
Ghiles Aftis