La crise énergétique, le conflit russo-ukrainien et le chamboulement géopolitique qui en résulte dessinent un nouveau modèle de gouvernance qui se traduit par une approche pragmatique des relations bilatérales au sein des Etats membres de l’Union Européenne (EU).
Les temps ont changé. Un vent nouveau souffle sur la vieille Europe. Le chancelier allemand Olaf Scholz boude l’Europe pour aller visiter l’empire du milieu. Il a atterri vendredi matin à Pékin, pour la première visite en Chine d’un dirigeant de l’Union européenne et du G7 depuis le début de la pandémie.
Le voyage très controversé est mal vu par les alliés de Berlin, notamment la France. «Nous nous rencontrons à un moment de grandes tensions causées notamment par la guerre de la Russie en Ukraine », a souligné Olaf Scholzà son arrivée Pékin.
La Chine proclame, officiellement, sa neutralité. Une position qui est vue par contre par les Occidentaux comme un soutien au Kremlin. «La Chine et l’Allemagne doivent se respecter mutuellement» et «résister conjointement aux interférences » dans leur relation, a pour sa part estimé Xi Jinping, selon des propos rapportés par la télévision publique chinoise, relayée par la presse internationale.
Un clin d’œil aux alliés occidentaux de l’Allemagne et pour le premier d’entre-eux, la France. Ce n’est pas la première fois que des tensions éclatent entre les deux pays. Une nouvelle fois, la relation franco-allemande, se fissure.
Une réunion des ministres des deux pays, prévue le 26 octobre à Fontainebleau en France, a été reportée au mois de janvier. La brouille actuelle est symbolisée par le report d’un conseil des ministres conjoint. Les tensions franco-allemandes de cet automne se cristallisent sur des désaccords énergétiques et militaires, conséquences de la nouvelle donne suscitée par le conflit entre la Russie et l’Ukraine.
En Italie, Giorgia Meloni, dirigeante du parti post-fasciste Fratelli d’Italia, vainqueur des dernières élections législatives, est aux commandes. Âgée de 45 ans, elle devient, la première femme appelée à cette fonction dans l’histoire du pays.
La France de Macron est sous des charbons ardents. Et pour cause, Giorgia Meloni n’a pas la langue dans sa poche. Déjà, en 2018, elle avait accusé la France, d’être à l’origine des bombardements en Libye. Plus tard, elle enfonce le clou, concernant l’Afrique.
Dans une de ses interventions, elle avait souligné la nécessité pour son pays de réduire l’influence de la France en Afrique. «Il faut libérer l’Afrique de certains pays européens qui profitent d’elle. Donc la libérer de la France, ennemi numéro 1 en Italie», avait-elle clamé. Ou encore, «la banque de France imprime la monnaie du Burkina Faso, le franc CFA. En échange, la France prend 50% des revenus de ce pays, y compris l’or que cet enfant ramasse dans ce trou…», avait-elle assuré, en montrant, la photo d’un enfant burkinabé travaillant dans une mine, sur une de ses affiches électorales.
«L’ère des gouvernements dirigés par le PD [Parti démocrate, principal parti de gauche] qui demandent protection à l’étranger est terminée. Je crois que c’est clair pour tout le monde, aussi bien en Italie qu’à l’étranger », avait-elle, insisté, dans l’une de ses sorties médiatiques.
L’Allemagne et l’Espagne font bloc pour relancer la construction d’un gazoduc entre la Catalogne et le sud de la France, baptisé MidCat. Sur la question, la France, fait cavalier seule. Paris s’y oppose, pour des raisons économiques et environnementales, notamment, justifie-t-on du côté des autorités françaises.
En fait, la France s’oppose à ce projet pour plusieurs raisons. En premier lieu son coût, évalué en 2018 à 440 millions d’euros, et la durée des travaux, estimée à trois ou quatre ans. Il suscite aussi la polémique entre deux Etats membres de l’Union Européenne (UE).
La relance (ou pas) de MidCat ne relève pas des seules « relations bilatérales » entre Paris et Madrid, avait estimé il y a un mois Teresa Ribera, ministre de la Transition écologique espagnole.
«Par conséquent, le débat (sur son utilité) ne peut donc pas être clos par les déclarations d’un seul pays », avait-elle assuré, laissant la porte ouverte à d’autres pays de l’Union d’intervenir dans le débat, particulièrement l’Allemagne, pays le plus touché par le manque de gaz bon marché en provenance de Russie, affectant ainsi son industrie.
Allemagne, Italie, Espagne et d’autres pays de l’Union Européenne, s’opposent à la France d’une manière ou d’une autre, mettant à mal cette entité qui vit ses plus sombres jours depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien. Alors, la France isolée au sein de l’Europe ? De nombreux observateurs estiment que cela n’est pas une vue de l’esprit de le penser.
M/M