La situation politique en Tunisie reste « difficile » après le rejet par le parti Ennahda de la liste du futur gouvernement dévoilée samedi soir par le Premier ministre Elyes Fakhfakh, à l’issue de plusieurs semaines de consultations avec les groupes parlementaires concernés.
M. Fakhfakh, ancien ministre des Finances, a été nommé le 20 janvier par le président tunisien Kaïs Saïed, après l’échec d’un premier cabinet formé sous la houlette d’Ennahda (majoritaire au Parlement avec 54 députés), après les législatives d’octobre 2019, mais largement rejeté par le Parlement.
Elyes Fakhfakh avait un délai d’un mois pour former un cabinet susceptible de convaincre la majorité des députés. La liste (31 membres), présentée samedi soir, compte pour moitié des personnalités présentées comme indépendantes, notamment chargée des ministères régaliens. Parmi les portefeuilles qui devaient revenir à des membres d’Ennahda figurent la santé, le transport ou encore l’enseignement supérieur.
Cette liste a été rejetée par Ennahda avant l’annonce même de la composition du futur cabinet, le parti réclamant la formation d’un « gouvernement d’unité nationale » incluant le deuxième parti au Parlement, Qalb Tounès, une formation libérale dirigée par le magnat des médias Nabil Karoui, poursuivi pour fraude fiscale, mais celui-ci avait été écarté des négociations.
« Ennahda a décidé de ne pas participer ni de voter la confiance à un gouvernement qui aurait été trop faible » (sans la participation de Qalb Tounès), a déclaré Abdelkarim Harouni, président du conseil de la choura d’Ennahda, l’organe consultatif du parti.