Comme chaque vendredi, les Algériens manifestent aujourd’hui pour maintenir la pression sur le pouvoir et réitérer les revendications exprimées depuis le 22 février dernier. Les marches d’aujourd’hui interviennent dans un contexte particulier. En premier c’est la première fois que les citoyens seront privés de l’esplanade de la grande poste, fermée pour travaux. Si les manifestants avaient bravé et défié les avertissements des autorités sur la vétusté des escaliers sui risquent de s’effondrer, ce vendredi ils ne pourront rien faire puisque les lieux sont carrément barricadés et clôturés. Les marcheurs se contenteront de manifester aux alentours de la grande poste au niveau de la place Audin. En deuxième lieu, il faut dire que les manifestations de ce vendredi interviennent à la veille de l’expiration de l’échéance réglementaire fixée pour le dépôt des candidatures au niveau du conseil constitutionnel en prévision de la présidentielle du 04 juillet prochain. Unique voie proposée par le pouvoir en place pour régler la crise, l’organisation du scrutin par l’équipe actuelle et en ce moment est rejetée par la rue qui met en avant d’autres revendications et propose autre chose qu’une option électorale. Le sort de cette présidentielle se joue maintenant et les manifestations d’aujourd’hui risquent, en réitérant les slogans hostiles, d’achever définitivement cette échéance. Sans candidats sérieux et crédibles et sans l’adhésion du peuple, deux piliers importants et essentiels, il est inconcevable de voir cette présidentielle se tenir à moins de passer outre juste pour respecter à la lettre l’article 102 de la constitution. La tenue ou le report de l’échéance du 04 juillet seront connue cette semaine.
Sur un autre plan, les manifestations d’aujourd’hui permettront de faire connaître la position de la rue sur les propositions et idées avancées par certaines personnalités dont principalement l’ancien ministre des affaires étrangères de Chadli. Les algériens qui ont pris connaissance du contenu de la lettre de Ahmed Taleb Ibrahimi vont se positionner sur la voie de sortie de crise proposée et répondre par pancartes brandies et slogans scandés dans les rues d’Algerie. Un feed-back qui permettra à coup sûr d’éclairer sur l’aura et le consensus que pourrait représenter cette personnalité dans la conduite d’une éventuelle transition, si celle-ci viendrait à être décidée. Il faut rester rivé sur les messages que délivreront les manifestants aujourd’hui à travers les pancartes, banderoles et des tifous pour connaître la réaction de la rue par rapport aux événements survenus cette semaine sur la scène nationale dont principalement les dernières déclarations du vice-ministre de La Défense, Le général de corps d’armées, Ahmed Gaid Salah. Les manifestations d’aujourd’hui, les troisièmes durant ce mois du ramadan, risquent de constituer un tournant sur la scène politique nationale par la qualité des messages délivrés mais aussi par le niveau de mobilisation.
M. Ait Mohand