Des millions d’algériens sont attendus aujourd’hui dans la rue pour le onzième vendredi consécutif. Ils vont sortir et investir en masse les artères des principales villes du pays pour rappeler et réitérer avec force et conviction les revendications légitimes du mouvement entamé le 22 février dernier. A l’instar des autres vendredis, les citoyens vont une nouvelle fois battre le pavé pour crier haut et fort leurs mots d’ordre politiques dont le principal est le départ total de tous les tenants du pouvoir en place et la poursuite de tous ceux qui ont dilapidé les richesses du pays . Encore une fois, le slogan « yetnahaw gâa » sera à l’honneur ce vendredi décisif. Les marches d’aujourd’hui, les dernières avant l’arrivée du ramadhan, sont déterminantes à plus d’un titre. Il est attendu à ce que des messages clairs et francs soient délivrés en direction des décideurs. Le temps passe et l’heure est grave. La satisfaction totale des revendications de la rue devient de plus en plus une urgence vitale pour dénouer une crise qui n’a que trop duré.
Deux mois et demi après le début du Hirak, la rue maintient la pression pour obtenir la satisfaction des revendications exprimées par des millions d’Algériens d’une manière pacifique et civilisée. Le onzième vendredi de protestation intervient quelques jours après l’intervention très médiatisée du chef d’état major, le général du corps d’armées, Ahmed Gaid Salah, et dans laquelle il a tenu a rappeler essentiellement que le dialogue reste la meilleure et seule solution pour la résolution de la crise. Il a fortement insisté sur les vertus du dialogue et l’urgence de la tenue d’une élection présidentielle dans les plus brefs délais.
Les regards seront donc braqués sur ce que dira la rue et principalement dans la capitale. La réponse qu’apporteront les manifestants a la proposition de l’armée pèsera lourdement dans la suite des événements.
Les slogans scandés et les pancartes brandies ce vendredi par les citoyens renseigneront suffisamment sur la réaction et la réponse à l’offre de du dialogue faite par les décideurs.
Cette voie politique, le dialogue en l’occurrence, plusieurs fois rejetée par les manifestants et par les acteurs politiques de l’opposition, risque d’essuyer un énième rejet par la rue qui fait du départ de tous les tenants du régime actuel un préalable avant de se mettre autour de la table pour discuter sur d’autres points.
Les manifestants rejettent en fait toute éventualité de dialogue avec Bensalah et Bedoui, dont le départ est fortement réclamé.
La rue arbitre et dépositaire de la souveraineté populaire tranchera aujourd’hui sur des questions fondamentales. L’avenir de l’élection présidentielle dans la forme actuelle se joue aujourd’hui.
M.Ait Mohand